Pollution dans la vallée du Mont Blanc

En quoi la Montagne est-elle un territoire particulièrement intéressant pour une écologiste ? Les enjeux sont immenses : pression foncière, gestion des espages protégés, agriculture à forte valeur ajoutée …. Si vous aviez prévu de venir en haute montagne pour respirer un bon bol d’air, c’est raté. Particulièrement dans les environs de Chamonix et des Pays du Mont Blanc, qui pointent aujourd’hui parmi les vallées les plus polluées de France ! Au Pays du Mont Blanc, l’air est tellement mauvais que l’Union Européenne menace désormais la France de rudes amendes.

La carte postale en prend un coup. On est bien loin désormais du mythe et des images sacrées de la montagne. Les gosses aux joues bien rouges, vus sur des affiches des années 50, c’est déjà loin. Le début du XXe siècle fit de l’air pur d’une montagne salvatrice l’unique médicament – ou presque – du traitement de la tuberculose. C’était l’ère du climatisme et des sanatoriums sur tout l’arc alpin. Depuis Davos, dans les Grisons en Suisse (magnifié dans le livre célèbre de Thomas Mann « La montagne magique ») jusqu’au Plateau d’Assy, face au mont Blanc, avec ses grands établissements de soins, tous basés sur la qualité de l’air.

La réalité d’aujourd’hui est tout autre : les environs du Mont Blanc, de Chamonix et Vallorcine jusqu’aux abords de Megève, ou de Passy et toute la plaine du Mont Blanc, avec Sallanches, Cluses, bref, les Pays du Mont Blanc, cumulent des taux de pollution de l’air parmi les plus élevés de France. Amis touristes, prenez garde à vos poumons quand vous apercevrez le sommet du Mont Blanc. L’air pourtant si transparent n’est pas si pur.

Vallée asphyxiée

L’air qui ceinture la vallée d’accès à Chamonix est composé de plusieurs types de polluants, dont trois atteignent des taux très inquiétants :

  • les « particules fines » (PM10), en dépassement de 63 jours de la valeur limite journalière, alors que seuls 35 jours sont autorisés ;
  • le dioxyde d’azote (NO2) dont la valeur limite est régulièrement dépassée en proximité routière, notamment autour de l’autoroute blanche qui monte à Chamonix ;
  • le Benzo (a) Pyrène (BaP), essentiellement du à l’industrie et qui malgré des efforts notoires d’une des sociétés incriminées (SGL Carbon à Chedde, qu’on voit bien en descendant le viaduc des Egratz depuis Chamonix) continue d’atteindre des taux impossibles…

En jeu aussi la configuration de ces vallées de montagne, où l’air froid stagne dans le fond, empêché l’hiver de s’évacuer vers le haut par le phénomène d’inversion des températures qui bloque tout brassage.

Ce sont surtout les particules fines (PM 10) qui ont valu à la France d’être assignée devant la Cour européenne de justice le 19 mai dernier, pour dépassements graves et enjeux de santé publique. Et ces particules fines sont essentiellement dues au chauffage (cheminées ou anciens poêles à bois). Mais aussi à l »écobuage  : le brûlage ancestral des déchets verts de jardin, dans les campagnes.

L’étape prochaine serait une condamnation ferme de la France. Sauf si celle-ci parvenait à démontrer, dès 2013, que les valeurs plafond de pollution ne sont plus dépassées. Montants de l’amende encourue : de 8 à 30 millions d’euros, plus une astreinte journalière pouvant aller de 150 000 à 300 000 €.

Lire la suite de l’article