Le Mont Blanc a failli prendre l’eau!

On venait de sortir de la Deuxième Guerre mondiale et la France était en pleine reconstruction de son territoire dévasté par plusieurs années de conflit. Mais le charbon manquait et la houille blanche ne suffisait pas à pallier la pénurie…

Lorsque le projet des maîtres de l’Institut d’hydrogéologie national, Caquot et Jacob, est arrivé sur le bureau du maire de Chamonix, Jules Devouassoud, celui-ci a dû manquer de peu l’apoplexie. Le 7 décembre 1945, en guise de cadeau de Noël, l’édile chamoniard apprenait que les deux scientifiques avaient soumis aux administrations intéressées leur idée de noyer la vallée de Chamonix sous un lac de sept kilomètres de long. L’objectif de ces deux éminences françaises : profiter de l’une des plus énormes réserves d’eau de France.

Pour la part technique du projet, rien de très compliqué pour les deux scientifiques. Il suffira de construire un barrage qui s’appuiera sur les deux parois de l’entrée des gorges de l’Arve, un peu au-dessous du viaduc Sainte-Marie, et de le monter quelques mètres au-dessus de la cote de 1 036 mètres, cote retenue pour le niveau moyen du lac qui se formera en amont. Ensuite, les eaux des glaciers, de l’Arve et de ses affluents viendraient alimenter la retenue, ainsi que l’ensemble des eaux de fonte des glaciers italiens du massif du Mont-Blanc, captées et ramenées en France par une canalisation traversant ledit massif.

Après tout, l’Italie ayant perdu la guerre, on n’allait pas s’encombrer avec des questions existentielles sur les besoins en eau des Valdôtains ! En aval, un autre barrage serait créé pour capter les écoulements en provenance du massif Miage-Bionnassay.

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