Vous vous ennuyez en randonnée?

Je n’ai pas fait beaucoup de randonnées dans ma vie, mais le peu de fois que ça m’est arrivé, j’ai trouvé ça chiant (désolée). Au bout d’une ou deux heures d’effort, je trouve qu’on a compris le message – la nature, c’est super – et j’ai juste envie de boire des coups en terrasse.

Vous êtes peut-être en train de me huer derrière votre ordinateur, mais sachez que ça arrive même aux passionnés. Exemple avec Jean-Christophe Rufin dans son livre « Immortelle randonnée » sur le chemin de Compostelle :

« Autant le dire tout de suite, je n’ai pas aimé la Cantabrie. Ou plutôt, je n’ai que très modérément apprécié la longue portion de chemin qui la traverse (car je sais qu’ailleurs, dans l’arrière-pays, notamment autour des fameux Picos de Europa, la nature reste sauvage et splendide).

L’itinéraire jacquaire dans cette région m’a paru monotone, déprimant, mal tracé : trop de passages le long des routes, trop de paysages industriels, trop de lotissements déserts, constellés de panneaux “A vendre”. »

Ceci étant dit, en fait, il existe des astuces pour ne pas s’ennuyer. Paroles de randonneurs qui donnent pas mal envie d’y retourner.

A 35 ans, Mikaël Hedouis ne sait plus trop dire depuis combien de temps il randonne exactement. Il a commencé gamin en Bretagne, dans le Finistère, d’où il vient. Aujourd’hui, il est expert auprès de la Fédération française de randonnée et à la tête d’une école de « bushcraft », activité ainsi définie sur son site :

« Littéralement “l’art d’évoluer dans les bois”, cette activité se base sur des connaissances et savoirs ancestraux, tout en restant ancrée dans son temps. Croisant les techniques de la randonnée et du bivouac, le “bushcraft” peut être considéré comme la base de toutes les activités dites “de survie”. »

C’est donc un passionné mais il reconnaît qu’on peut s’ennuyer en randonnée.

« Si elle est mal préparée, oui, ça peut arriver. Sur des longues randonnées notamment. »

Le premier secret pour ne pas s’ennuyer, selon lui, c’est juste de bien réfléchir à son chemin.

« Par exemple, on peut passer dans des bois et revenir en bord de mer, pour casser la monotonie. Le mieux, c’est de prendre une carte et de prévoir tout ça ; de se dire : on pourra passer par ici, couper par là. »

Il conseille aussi de prévoir des itinéraires secondaires et une fois sur place, selon l’humeur, de changer son fusil d’épaule.

Faire des haltes ludiques

Ce vendredi, Marine, Fabrice et leurs deux enfants (Antoine et Mathias) sont partis au Québec où il est prévu qu’ils fassent de belles randonnées.

Fabrice en a fait très tôt, dès l’âge de 11 ans. Il partait avec ses parents, des marathoniens, férus de randonnée.

C’est donc assez naturellement que Marine et Fabrice ont randonné à deux. Quand les enfants sont nés, il a fallu s’arrêter un peu parce qu’avec des petits, c’était trop dur, mais ils ont fini, comme les parents de Fabrice en leur temps, par les embarquer. Fabrice dit :

« Je ne crois pas que les enfants aiment ça naturellement. Pour moi, ça fait partie des choses à leur faire aimer, qui méritent qu’on les y éduque, comme la musique. »

« J’ai faim », « Quand est-ce qu’on arrive ? »

Le problème des enfants est qu’ils sont – comme moi – vite ennuyés. Antoine, 9 ans, dit par exemple :

« On s’ennuie parce que c’est long. Moi, je préfère le ski pour me faire des marches agréables. Vu que j’aime bien le ski. Quand je marche, je râle en disant : “J’ai faim” ou “Quand est-ce qu’on arrive ?” »

 

Alors Fabrice et Marine ont trouvé tout un tas de parades. Notamment celle des haltes ludiques. Pour leurs prochaines randonnées au Canada, Marine en a prévu plein. Mathias raconte :

« On va voir des baleines, faire du kayak, voir des ours. »

Avec son père, il se moque gentiment de ces choix.

« Ça fait peur tout ça.

– Oui, je suis d’accord avec toi, je ne sais pas pourquoi maman a choisi qu’on fasse ça. »

Ça ne les empêche pas de sourire à l’évocation de ces moments.

Mikaël Hedouis propose la même stratégie. Les pauses-baignades sont particulièrement efficaces, dit-il, avec les adultes comme avec les enfants.

A ses filles, il propose souvent de s’arrêter pour « construire une cabane », faire des « jeux d’équilibre » ou une « pyramide de galets ».

En randonnée, il fait donc des choses de ce type.