Les Naufragés des Andes

Découvrez l’histoire des survivants du crash du vol Fuerza Aérea Uruguaya dans la cordillère des Andes le 13 octobre 1972. Les passagers ont survécu pendant 72 jours, sans nourriture et dans un froid glacial.


Les survivants de la Cordillère des Andes

Aujourd’hui dans Affaires sensibles, l’histoire d’une aventure humaine inédite, celle des 16 survivants d’un crash aérien survenu dans la cordillère des Andes en octobre 1972.

Cette aventure, vous la connaissez peut-être sous le nom de « Naufragés des Andes«  , titre éponyme du documentaire que leur a consacré notre invité : le réalisateur Gonzalo Arijón . « Naufragés » sur le toit des Andes… comme le serait des marins échoués sur une ile déserte au milieu de l’océan, voilà l’histoire dont il est question. Une histoire digne de celle d’un Robinson Crusoé des temps modernes à la fois victime d’un terrible accident d’avion puis d’un périple fou dans les montagnes pour tenter de survivre.

Dans nos sociétés, si mondialisées et si aseptisés, personne n’imagine devoir un jour remettre en cause son éducation, son rapport aux autres, son lien à la nature, ses idéaux sociétaux, ses dogmes religieux. Personne n’imagine devoir faire face, du jour au lendemain, à des épreuves toutes plus terribles les unes que les autres : celle de la faim, celle du froid, celle de la détresse, celle de l’abandon, le tout en équilibre sur le fil tranchant qui peut vous faire basculer à tout moment vers la mort. Les « naufragés des Andes » font partis de ceux là. Au prix d’un courage et d’une obstination sans limite, après deux mois de calvaire, moins de la moitié d’entre eux reviendront miraculeusement dans la civilisation. Un temps applaudi, ils seront très vite critiqués par une opinion public incapable de comprendre les choix auxquels ils ont dû faire face pour survivre « là-haut ».

Invité de l’émission radio

En 2006, Gonzalo Arijón est reparti avec les survivants sur le lieu de la catastrophe pour tourner un documentaire exceptionnel, lauréat du prix du Festival International du Documentaire d’Amsterdam. Il sera avec nous pour en parler.

Naufragés des Andes

En 1972, un avion transportant une équipe de jeunes rugbymen uruguayens s’écrase dans les Andes. L’auteur, survivant, raconte comment après plusieurs jours de coma, il se réveille pour apprendre la mort de sa mère dans l’accident. Il s’engage alors avec d’autres rescapés dans une longue marche en haute montagne à la recherche de secours avec, comme seule nourriture, la chair de leurs amis décédés.

Si l’espoir fait vivre, ces quatre là sont bien placés pour le savoir. En octobre 1972, l’avion à bord duquel ils avaient pris place s’est écrasé sur un sommet de la Cordilière des Andes au Chili. Pendant 72 jours, comme douze autres rescapés, ils ont lutté contre une mort certaine dans un froid glacial, blottis dans le fuselage avant d’être secourus par un cavalier chilien. Si l’histoire a surtout retenu qu’ils avaient été contraints de briser un tabou en mangeant les restes des victimes de l’accident pour survivre, les miraculés des Andes avaient à l’époque offert au monde une incroyable leçon de survie. Un «message d’espoir» que ces quatre Uruguayens ont souhaité directement apporter samedi aux 33 mineurs chiliens et bolivien bloqués depuis un mois jour pour jour à 700 mètres sous terre dans la mine de San José. «On l’a fait, eux aussi vont le faire. Il faut qu’ils tiennent bon», résume Pedro Algorta, 59 ans, quelques minutes avant de s’entretenir avec les captifs par téléphone.

«Ils doivent prendre soin les uns et des autres et n’avoir qu’un seul objectif en tête : leur famille et la perspective de les revoir», enchaîne Jose-Luis Inciarte, autre rescapé des Andes qui a conscience que l’expérience vécue par les «33» n’est pas directement comparable à la sienne. Ravi de «rendre aux Chiliens ce que ce peuple [lui] a apporté», Pedro Algorta estime que «le pire pour les mineurs serait d’attendre leur sauvetage. Il faut qu’ils travaillent, qu’ils fassent le ménage, de l’exercice… Quand vous vous bougez, vous avez conscience d’être en vie.»

Prompts à réconforter les familles rassemblées au pied de la montagne dans le «camp de l’espoir» où la statue de San Lorenzo, le saint patron des mineurs, trône en bonne place, les quatre hommes sont persuadés que les prisonniers parviendront à surmonter leur très longue attente souterraine, malgré les inévitables aléas de cette promiscuité. «Ce genre de cohabitation n’est pas facile. Il nous est arrivé de nous échanger des coups, la nuit, pour des histoires de place», se souvient Jose-Luis Inciarte, 24 ans à l’époque. «Bien sûr qu’il y aura des tensions dans la mine comme il y en a eu entre nous, embraye son compère Pedro Algorta. Mais je suis certain qu’ils parviendront à conserver cette unité pour atteindre leur objectif commun, la survie.»

Escortés par les proches des mineurs qui n’ont cessé de les remercier de leur visite, les quatre survivants de la Cordilière ont hissé les couleurs urugayennes sur la colline où les 33 drapeaux représentant les 33 mineurs bloqués ont été plantés. Des hommes dont ils savent que la vie ne sera plus jamais la même. «Quand je suis descendu de l’hélicoptère et que j’ai posé le pied sur l’herbe, la tragédie était derrière moi. C’était tellement beau», s’enthousiasme Jose-Luis Inciarte. Un délicieux sentiment que les reclus ne sont pas prêts de ressentir. Leurs proches ont marqué hier ce premier mois d’isolement en faisant retentir klaxons et sifflets. La délivrance n’est pas attendue avant la fin novembre.

Sources: La Rando , France Culture, Le Parisien