Comment survivre au froid en randonnée

“Commencez par vous couvrir la tête ! Ou vous perdez près d’un tiers de votre chaleur corporelle.” Le conseil du Lieutenant-Colonel Philippe Couturier paraît élémentaire, mais tant de gens l’oublient. Pas question d’oublier le bonnet mercredi dernier au col du Mont-Cenis, où les hommes du GAM (Groupement d’aguerrissement en montagne) sont montés préparer la base polaire dans l’attente de la Grande Odyssée en Haute-Maurienne.

Les hommes ne sont pas impressionnés par les douze degrés en dessous de zéro. Une plaisanterie pour des professionnels de la résistance au froid et aux conditions extrêmes. “S’il y a une forêt, on n’hésite pas : on se met sous un arbre et l’on se protège sous les branches tout en montant un mur de neige autour de soi. S’il n’y a pas d’arbre, l’abri-cocon est le plus simple et le plus rapide à réaliser”, poursuit Philippe Couturier, patron du GAM.

Les instructeurs du Groupe d’aguerrissement en montagne ont installé une base polaire éphémère au col du Mont-Cenis (Savoie) pour accueillir la Grande Odyssée ce week-end. L’occasion de montrer au grand public comment ils apprennent à résister au froid en construisant différents types d’abri dans la neige. Si l’igloo demande du temps et de l’expérience, on peut survivre à des températures très basses en réalisant un abri plus simple, à l’aide d’une pelle à neige. Un des accessoires indispensables dans le sac à dos du randonneur.

 

Moins 15° dehors, 1 à 2° à l’intérieur

D’abord, se mettre à l’abri du vent. Puis chercher une bonne accumulation de neige, en utilisant sa sonde au besoin. Il faut ensuite aménager un tunnel en pente avant de creuser un trou à peine plus large que son propre corps pour ne pas perdre de chaleur. L’essentiel est de le surélever par rapport à l’entrée qui sert de piège à froid.

Autre technique : l’abri de type allemand. On regroupe les sacs à dos en guise de moule que l’on recouvre d’une couverture de survie puis de neige tassée, avant de retirer les sacs et la couverture pour aménager l’espace dans lequel on s’abritera. Toujours plus haut que l’entrée.

“Vous atteignez un ou deux degrés à l’intérieur, et même plus si vous allumez une petite bougie. C’est suffisant pour passer la nuit si vous êtes bien habillés de vêtements secs. En enfilant les jambes dans le sac comme protection supplémentaire. Bien sûr, nous avons un sac de couchage et un matelas quand nous sommes en stage.”

Sur la base polaire, les instructeurs du GAM ont également construit un superbe igloo. Très beau à voir, mais difficile à construire. Or l’urgence est de se mettre à l’abri tout en ménageant ses forces quand la vie est en jeu.

“Chaque mois, nous recevons 140 militaires pendant trois semaines pour leur apprendre à endurer physiquement et moralement un milieu hostile. Beaucoup n’ont aucune expérience de la montagne. L’objectif n’est pas d’en faire des chasseurs alpins mais de permettre de surmonter leurs peurs et leurs appréhensions. Qu’il s’agisse du froid, de l’altitude ou du vide.”

Boire chaud, mais jamais d’alcool

“La cohésion du groupe est essentielle. Celui qui s’isole et qui commence à renoncer se fragilise vite. Ou néglige les gestes simples : rester bien couvert, boire régulièrement, si possible du chaud. Jamais d’alcool. Nos stages sont progressifs. Les hommes dorment d’abord au chaud. Puis ils apprennent à passer 36 heures dehors, et enfin 72 heures. Sous la surveillance d’un médecin.”

Ce qui vaut pour les militaires peut servir aux civils. L’explorateur Jean-Louis Étienne ne compte plus les nuits passées sur son balcon et les douches froides pour endurcir le corps. Sans aller si loin, le savoir-faire des militaires du GAM peut servir à tous les amateurs de montagne qui peuvent se retrouver perdus un jour.

Un minimum d’équipement et quelques gestes simples peuvent sauver une vie.

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