Rachat du magasin Printemps: Soft power qatari

Après le PSG, David Beckham et Zlatan Ibrahimovic, les différents palaces, le rachat du Printemps par les investisseurs en provenance du Qatar s’inscrit en droite ligne de ce soft power qui dicte ses actions à l’international, et notamment en France. Il repose sur trois dimensions :
1. Dimension symbolique
Ce rachat à 100% du Printemps relève d’une stratégie de communication qui voit le Qatar tout faire pour que son nom soit accolé à des endroits, des institutions, des images prestigieuses. Le Printemps, c’est une enseigne de marque qui symbolise le luxe propre à Paris, la capitale de la mode, des arts et de la culture.
La « ville-lumière » dispose d’une charge symbolique unique au monde et c’est un atout qui pèse aux yeux des investisseurs du Qatar. D’autres cités occidentales sont dans le viseur.
À Londres, les investissements dans l’emblématique magasin Harrod’s ou le financement de la construction de la tour Shard (la plus haute d’Europe) s’inscrivent dans la même optique. Adepte de la diplomatie d’influence, les autorités qataries sont friands d’investissements à forte rentabilité symbolique afin d’en capter les dividendes médiatiques.
2. Dimension diplomatique
Cela fait maintenant plusieurs années que le Qatar investit régulièrement en France. Pour eux, plus qu’une cible, c’est une destination privilégiée. Cela tient essentiellement à l’influence dont dispose encore la France dans le concert des nations. Membre permanent du conseil de sécurité, interlocuteur privilégié au Moyen-Orient… La voix de la France pèse encore dans les relations internationales.
Le Qatar, qui a une conscience aigue de ses faiblesses intrinsèques, a besoin de soutiens de poids. Parmi ceux-ci, on trouve naturellement les Etats-Unis où l’émir doit se rendre en visite officielle dans deux semaines. En dehors de Washington, les capitales qui comptent sont Londres et Paris.
L’investissement dans l’immobilier, les palaces ou les grandes enseignes de marque sont ainsi perçues comme le support de liens économiques et diplomatiques qui permettront de densifier une relation stratégique. La diplomatie d’influence du Qatar se déploie ainsi sur plusieurs échelles : la pluralité des liens tissés permet d’installer des intérêts combinés.
Avec la France, l’histoire avait commencé sous Nicolas Sarkozy, lequel avait facilité l’arrivée de Qatar Sports Investments à la tête du PSG, et appuyé la candidature du pays pour l’organisation de la coupe du monde 2022. L’arrivée de François Hollande au pouvoir a pu changer la donne et instiller une certaine tension entre les deux pays. Tension qu’on a pu retrouver pendant quelques temps alors que le Qatar était soupçonné d’aider les jihadistes du Nord-Mali, que la France combattait.
Ce nouvel investissement peut être perçu comme une volonté des Qataris de s’installer sur la durée dans notre pays. C’est un signe d’apaisement, une communication très claire pour dire : « la France est un allié ».
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