Everest, cimetière à ciel ouvert ?

Sur les pentes de l’Everest, le mois de mai 2017 serait le plus meurtrier depuis le séisme de 2015. Le constat est tragique. Mais il n’est malheureusement pas exceptionnel : les fenêtres météo de plus en plus courtes pour tenter le sommet engendrent des problèmes de grande affluence sur la voie normale.

Confusion dans les rapports d’accidents sur l’Everest

Selon l’AFP, le week-end du 20 et 21 mai, quatre alpinistes auraient été retrouvés morts par des sherpas népalais, dans deux tentes installées au camp IV de la voie normale de l’Everest. Un camp situé dans la zone de mort, au dessus de 8 000m d’altitude. Quatre décès, qui porteraient à dix le nombre de morts sur les pentes de l’Everest sur le seul mois de mai 2017.

Une annonce démentie par une des sommités au pied du toit du monde, l’Américain Alan Arnette. L’alpiniste parle de confusion dans les derniers rapports, et estime – après avoir échangé avec différentes sources sur place – que le nombre de décès serait à ce jour de six, et non dix.

Quoi qu’il en soit, il s’agit bien du mois le plus meurtrier qu’a connu la région depuis le séisme de 2015. Mais ce n’est malheuresement pas une situation exceptionelle. En cause, selon les observateurs sur place ? Les fenêtres météo raccourcies, qui ne laissent qu’une poignée de jours chaque saison aux « summiters » pour tenter leur chance.

« Il se pourrait que jusqu’à 150 alpinistes tentent la course aujourd’hui par le versant népalais, ce qui n’est pas un record », a déclaré au Monde, Ang Tsering Sherpa, président de la fédération d’alpinisme du Népal, le 22 mai dernier. Une affluence qui engendre des problèmes d’embouteillages sur certains passages clés de l’ascension. Comme au pied du légendaire ressaut Hillary (8 790m), dernière difficulté technique avant le sommet.

A quoi ressemble une fenêtre météo sur les pentes de l’Everest ?

Tous perdent de précieuses heures dans le timing de leur course. Certains alpinistes se refroidissent dans l’attente, y laissent des forces et puisent trop abondemment dans leur réserve d’oxygène : passé la barrière des 8000m d’altitude, l’altitude et le manque d’oxygène détériorent irrémédiablement le fonctionnement des organes.

Un constat qui est loin d’être inédit : depuis les premières années de l’exploitation commerciale des ascensions vers le toit du monde, les problématiques de surfréquentation reviennent sans cesse. Avec comme conséquences des journées noires, qui ont fait les choux gras d’Holywood. Le 10 mai 1996 fut l’une d’entre-elles : huit alpinistes, tous membres d’expéditions commerciales, perdaient la vie dans la montagne, à quelques heures d’intervalle.

Pourquoi un tel acharnement ? On l’a dit, la rareté des périodes favorables pour l’ascension est une des causes. Tout comme le prix exhorbitant de ces tentatives (plus de 50 000€ pour les plus accessibles) et la compléxité de l’obtention des permis auprès des pouvoirs publics népalais et chinois.

Conséquence, la liste des accidents dans la région ne cesse de s’allonger d’année en année : depuis la première ascension réussie par Sir Edmund Hillary et Tansing Norgay en 1953, plus de 200 alpinistes ont perdu la vie sur les pentes de l’Everest.

source: L’Equipe