Combien de français quittent le pays ?

Chaque année, entre 60.000 et 80.000 Français quittent le pays. Rencontre avec ces Français qui choisissent l’exil. Benjamin (25 ans), Aurore (35 ans), Vanessa (27 ans) et Julien (26 ans) ne se connaissent pas, et pourtant ils ont un point commun: ils sont Français, expatriés à l’étranger. Selon une étude des Chambres de commerce et d’industrie publiée en mars 2014, les Français s’exportent de plus en plus à travers le monde. Suisse, Espagne, Etats-Unis, Canada… Autant d’eldorados pour un bon nombre d’entre eux, fatigués de la morosité économique dans l’Hexagone.

« Ce serait faux de dire que la conjoncture économique ne m’a pas poussé à partir », s’exclame Benjamin Lecointre, installé à Madrid depuis 2011. Mais au-delà des considérations purement économiques, ces expat’ parlent de la France en laissant poindre une lassitude mêlée d’agacement.

Un « archaïsme à la française »

Si beaucoup d’étudiants cherchent une expérience à l’étranger avec l’ambition claire de revenir dans l’Hexagone, de plus en plus d’entre eux ont exclu cette possibilité, plombés par la morosité de l’économie actuelle ou découragés par la somme incommensurable de paperasse nécessaire à la réintégration en France (réinstallation, logement, inscription scolaire, emploi, prestations sociales…).

Benjamin n’envisage pas un retour au pays pour le moment. Installé à Madrid depuis 5 ans, ce salarié d’IBM de 25 ans juge la machine administrative française beaucoup trop accablante.

Même son de cloche pour Vanessa P., installée au Vietnam depuis 4 ans. Cette enseignante de 27 ans qui gagne près de 2.000 euros par mois multiplie les emplois. Traductrice, éditrice, et bientôt directrice de sa propre école internationale, Vanessa aime se diversifier et apprécie la facilité avec laquelle le Vietnam lui laisse la possibilité de faire ce qu’elle souhaite.

Le Vietnam est le pays des opportunités. C’est un pays du tiers-monde en plein développement (…) Si on a envie d’ouvrir une entreprise, c’est simple comme bonjour. Ce n’est pas aussi obtus qu’en France. Il n’y a pas de règles ou de lois à tout-va.

Opinion partagée par Julien Defraeye, ancien enseignant d’anglais de 27 ans à Strasbourg, aujourd’hui en doctorat au Canada et pour qui la France « est figée dans un modèle qui n’est plus du tout d’actualité ».

Ces témoignages émanant de Français expatriés correspondent-ils à une réalité ? Sociologue, politologue et directrice de recherche au CNRS, Catherine Wihtol de Wenden est une spécialiste des migrations. Selon elle, il existe en France des « archaïsmes », comme la préférence européenne à l’emploi instaurée en 1994, ou la fermeture des commerces le dimanche.

Il y a des choses qui sont inadaptées au mode de vie actuel. L’ouverture des boutiques le dimanche, y compris des grands magasins serait un progrès considérable. La fermeture des commerces à 19h dans les grandes villes est aussi aberrante.

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