Le business des salles de sport

L’économie des clubs de gym repose sur les abonnés absents. Ils s’inscrivent pour un an, souvent début janvier, s’y rendent un peu les premiers mois, puis abandonnent.

Les salles de sport sont des biens de club. Sous cette apparente tautologie se cache un concept économique qui désigne un service partagé de façon exclusive par plusieurs personnes, à l’instar de la

piscine ou du terrain de tennis privé d’une résidence collective. La particularité de ce type de bien est que les individus en retirent une satisfaction qui dépend des autres. D’un côté, plus le nombre de membres est élevé, plus la contribution de chacun aux coûts fixes d’investissement et de maintenance peut-être faible. D’un autre côté, plus le nombre de membres est élevé, plus la congestion s’accroît.

Accepter un nouveau membre permettra de diminuer l’abonnement annuel donnant accès à la piscine et au tennis, mais les nageurs risquent de se heurter dans le bassin et les joueurs de ne pas s’affronter à leur horaire préféré. Un club de sport est donc un bien de club au sens économique du terme. L’augmentation du nombre d’adhérents permettra de réduire le prix de l’abonnement, mais elle allongera la queue aux machines et aux douches.

Un exercice classique, mais musclé pour économiste s’entraînant aux biens de club consiste à calculer la capacité optimale pour un nombre de membres donnés – par exemple, la dimension appropriée de la piscine pour les 50 habitants de la résidence -, le nombre optimal de membres pour une capacité donnée – le nombre idéal pour un bassin de huit mètres par quatre – pour en déduire la capacité optimale pour le nombre optimal.

Le tout en spécifiant une fonction de coût qui tienne compte des économies d’échelle et une fonction de bénéfice qui tienne compte du fait qu’au bout d’un moment la congestion l’emporte sur la camaraderie. Accepter un nouveau membre augmente la possibilité de se faire un nouvel ami, mais ce gain devient inférieur à la gêne de congestion qu’il occasionne. James Buchanan, lauréat du prix Nobel d’économie en 1986, est le premier à s’être livré à cet exercice théorique.
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