Aux Etats unis, on coupe des arbres pour le plaisir des touristes

3,5 millions de personnes affluent chaque année vers le Parc national de Yosemite (Californie). Sa flore luxuriante et ses paysages montagneux grandioses attirent bien des randonneurs avides de se ressourcer ou excités à l’idée de croiser en chemin un ours brun… Randonnées, rafting, alpinisme : les activités proposées sont nombreuses et les dix-huit campings sont quasiment toujours pleins, surtout durant la période estivale. Las ! Ce sanctuaire de la biodiversité, intronisé « Parc national » en 1890, voit sa végétation progresser d’année en année au grand dam des visiteurs, pour qui les plus beaux panoramas sont masqués par les sapins.

Les responsables du Parc national de Yosemite ont finalement cédé à la vox populi et décidé d’appliquer le plan de gestion « Scenic vista », qui vise à rétablir ou à maintenir les vues emblématiques du Parc. En clair, des milliers d’arbres seront coupés pour dégager le paysage, sachant que des chercheurs ont calculé que la vue était totalement occultée sur 28 % de la surface du parc et partiellement sur 54 %. « Nous cherchons à éliminer un nombre minimum d’arbres en respectant au maximum les espèces animales qui s’y sont installées », a déclaré Kevin McCardle, l’un des paysagistes du Parc, selon lequel « retarder encore l’abattage de ces arbres ne fera qu’accentuer les efforts qu’il faudra fournir dans le futur ». Le bois coupé devrait être donné à la population locale pour chauffer les habitations. Une partie sera également revendue à des sociétés spécialisées.

Même si l’abattage ne devrait pas débuter avant l’année prochaine et même si M. McCardle a assuré que la coupe des arbres n’aura pas lieu « si un biologiste (les informe que) des espèces menacées y ont élu domicile », les critiques fusent cependant de toutes parts. L’idée de se promener dans un endroit où le bruit des oiseaux et des cours d’eau a été remplacé par celui des tronçonneuses heurte en effet nombre de touristes. « Abattre des arbres pour une séance photo est un idée stupide », a commenté Chris Jones, un randonneur. Classé Parc national, le site de Yosemite a en outre vocation à être préservé de toutes les activités néfastes émanant de l’Homme.

Même si ce déboisement semble infime à côté des 3 079 kilomètres carrés que compte le Parc, la direction de l’un des espaces protégés les plus prisés d’Amérique semble prête à vendre son âme. Les pots cassés pourraient se payer dans quelques années.

Considéré comme l’un des plus beaux sites protégés américains, le Parc national de Yosemite est aussi l’un des plus visités aux Etats-Unis