Taux de change du dinar et inflation en Algérie

Vous devez vous rappeler sans doute le débat et même la polémique du début de l’année 2012 sur ce que les uns (en gros les milieux patronaux et certains experts) ont appelé une dévaluation et les autres (la Banque d’Algérie et certains économistes) une dépréciation. Au-delà de la querelle sémantique, le fait est que le dinar avait perdu 10% de sa valeur par rapport aux deux grandes devises de référence, l’euro et le dollar. En réalité, la polémique était fondée sur le paradoxe que le dinar perdait une valeur d’un pourcentage égal sur ces deux devises, alors que les taux de change réciproques de ces dernières avaient significativement varié. Il faut indiquer qu’il y a d’autres mécanismes de gestion du taux de change dont celui du taux de change multiple que le Fonds monétaire international (FMI) n’aime pas beaucoup. L’Iran qui l’a utilisé pour enrayer son inflation à deux chiffres n’a pas obtenu de résultats significatifs.
Aujourd’hui, au moment où la dérive inflationniste est prégnante, l’intérêt pour l’analyse est de savoir pourquoi la Banque d’Algérie (BA) avait opéré de la sorte. N’ayant aucun problème de balance des paiements, la BA voulait anticiper la montée de l’inflation pour 2012 en utilisant aussi les mécanismes de change en tant qu’instrument de sa politique monétaire de stabilisation. à l’épreuve des faits, les résultats sont mitigés de ce point de vue-là. Voyons pourquoi. D’abord, il est vrai qu’un dinar “déprécié” par rapport à l’euro, en surenchérissant les coûts de nos importations en freinaient la hausse en volume. En revanche les “pertes” de change des importateurs sont intégralement répercutées sur le consommateur final, alimentant ainsi l’un des moteurs de l’inflation. De plus, un dollar “déprécié” a augmenté les importants dépôts bancaires en dinars de Sonatrach, même si cela a permis à cette dernière de neutraliser les effets de perte de change dans ses transactions en euros. Ce qui a amené la BA à prendre, au cours du premier semestre 2012, deux mesures monétaires spécifiques pour contenir l’inflation. Elle a d’abord épongé les excès de liquidités des banques en opérant la ponction de 250 milliards pour atteindre le seuil de 1350 milliards DA. Ensuite, elle a augmenté de 11% le montant des fonds propres des banques. Enfin, elle a laissé de côté l’instrument du taux de change puisque, selon le gouverneur de la BA, le taux de change nominal du dinar a enregistré, au cours du premier semestre 2012, une appréciation de 2,27%. Cela étant, la BA considère qu’elle a fait ce qu’il fallait en matière de lutte contre l’inflation et que la balle n’est plus dans son camp. Il est désormais, selon elle, dans celui en charge du traitement de ce qu’elle a appelé les “facteurs endogènes”.
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