Par La Rando

L'affaire du poète qatari en prison

Nous relayons l’article du site lepoint.fr dans lequel nous apportons des éclairages au sujet du verdict sur la condamnation du poète qatari. Publié le 28/02/2013. Le richissime émirat du Golfe vient de condamner à 15 ans de prison un poète qatari pour avoir critiqué la famille régnante. Pour l’exemple.
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On peut encourager les révoltes du Printemps arabe et tout faire pour que le mouvement de contestation n’atteigne pas son territoire. Ce curieux paradoxe est illustré à merveille par le Qatar. Le richissime émirat gazier du Golfe vient de condamner à quinze ans de prison un poète qatari pour avoir écrit une oeuvre sur le Printemps arabe. Dans son « poème du Jasmin » récité en août 2010, Mohammed Al-Ajami, plus connu sous la plume de Ibn al-Dhib, rend hommage à l’opposant historique tunisien Rached Ghannouchi, de retour dans son pays après un exil de vingt ans à Londres. Son parti islamiste, Ennahda, remportera deux mois plus tard les premières élections organisées après la chute de l’ancien président tunisien Zine el-Abidine Ben Ali.
Prononcé devant plusieurs de ses amis dans un appartement du Caire, où l’artiste étudie la littérature arabe, le poème hisse la révolution du Jasmin au rang d’exemple. Ibn al-Dhib y exprime l’espoir que le vent de révolte né en Tunisie touche à leur tour les monarchies arabes du Golfe. Sans évoquer directement le Qatar, il lance toutefois : « Nous somme tous la Tunisie face à une élite répressive. » Et l’artiste d’ajouter : « J’espère que viendra bientôt le tour des pays dont le dirigeant s’appuie sur les forces américaines. » Une allusion à peine voilée à son pays, qui abrite depuis 2002 des soldats américains sur la base aérienne d’Al-Eideïd.

Un émir depuis 1995

Filmée et diffusée sur YouTube, la scène suscite l’ire de l’émir Hamad bin Khalifa al-Thani, qui tient le pays depuis qu’il a destitué son père en 1995. « Il y a au Qatar un certain nombre de tabous révélateurs d’une forme de conservatisme de la société, et l’intégrité de la famille royale en fait partie », explique au Point.fr Nabil Ennasri (*), doctorant spécialisé sur le Qatar à l’université d’Aix en Provence. « C’est un sujet auquel il ne faut pas s’attaquer. »
Arrêté en novembre 2011, Ibn al-Dhib est placé en confinement solitaire pendant plusieurs mois, selon son avocat, Nadjib al-Naimi, ancien ministre de la Justice de l’émirat. Son procès, auquel il n’est même pas autorisé à assister, a lieu un an plus tard. La peine est des plus sévères : le poète qatari est condamné à la prison à vie pour « atteinte aux symboles de l’État et incitation à renverser le pouvoir ». Pourtant, d’après son avocat, aucune preuve n’a démontré que le poème a été récité en public.
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