Sheika Mozah, première dame du Qatar : “l‘éducation est la clé pour tout changement politique ou social”

Elle est élégante, sereine et très engagée en faveur de l‘éducation au Qatar. Sheikha Mozah bint Nasser Al-Missned est la première dame de ce petit pays richissime du Golfe. Avec son mari, elle a crée la Fondation (qatariote) pour l‘éducation, la science et le développement. Elle est ambassadrice de l’Unesco. Elle a fondé des écoles privées de haut standing à but non lucratif et des institutions d’apprentissage pour les enfants et les jeunes qatariotes.

Notre envoyé spécial l’a rencontrée à Doha, à l’occasion du Sommet Mondial de l’Innovation dans l’Éducation organisé et financé par le Qatar.

euronews : “Vous détenez plusieurs postes internationaux. Vous faites partie du classement du magazine Forbes des femmes les plus puissantes du monde. Vous êtes la mère de 7 enfants. Qu’est-ce qui nourrit toute votre énergie, plus particulièrement dans le domaine de l‘éducation?

Cheikha Mozah: “D’abord, c’est un privilège pour moi, d‘être dans cette situation. Et en même temps, être la mère de 7 enfants me place dans la position d‘évaluer l’importance de l‘éducation pour la plus jeune génération et celles à venir. En étant à cette place, je pense que c’est une occasion qui ne devrait pas être perdue. Je pourrais vraiment réaliser ma passion, mettre en oeuvre mes convictions, ma foi dans l‘éducation. Je crois que l‘éducation est la clé pour tout changement que nous voulons voir dans notre communauté mondiale. Notre projet de réforme de l‘éducation au Qatar découle de cette philosophie. Si vous voulez accomplir n’importe quel changement ou réforme sur le plan politique ou social, vous devez commencer par la base : l‘éducation.

euronews :” Le Qatar a connu une profonde et formidable transformation ces 10, voire environ ces 15 dernières années, à la stupéfaction des étrangers. Et il semble que cela continue. Un des processus sur cette voie est l‘éducation. Quels sont les défis auxquels vous faites face?”

Sheikha Mozah: “Il s’agit de défis très classiques auxquels fait face n’importe quelle réforme de l‘éducation. La clé, ici, c’est qu’il faut être flexible, qu’il faut s’adapter et être capable de nous corriger et vouloir nous corriger aussi longtemps que nous avons cet objectif. (…) Mais nos façons de faire, nos moyens et nos méthodologies devraient toujours être flexibles. De telle sorte que nous puissions toujours les changer tout au long du parcours”.

euronews: “Comment faire cela? Comment l’innovation peut-elle être amenée dans le domaine de l‘éducation?”

Sheikha Mozah: “C’est ca, l’argument. Quand on arrive à l’innovation et la création, nous pensons toujours à la technologie, l’industrie, les affaires, mais nous ne pensons pas à l‘éducation. Je pense qu’il est temps de mettre ce concept dans une réelle perspective. L‘éducation est le coeur de l’innovation et l’innovation est le coeur de l‘éducation. Vous ne pouvez pas séparer les deux. Sans innovation, il n’y aura pas d‘éducation durable. Sans une éducation qui couve ces jeunes cerveaux et grâce à laquelle il pourront exceller et atteindre leur potentiel, il n’y aura pas d’innovation”.

euronews : “Vous prônez les droits des femmes à l‘éducation, à l’ouverture aux opportunités économiques, à l‘éducation politique. Quels conseils donneriez-vous aux filles et jeunes femmes au Moyen-Orient pour atteindre ces buts?

Sheikha Mozah: “Premièrement, laissez-moi vous dire que je fais la promotion de l‘éducation pour les hommes, les femmes, les jeunes garçons, les jeunes femmes, et plus particulièrement dans notre région ici, étant donné que les abandons scolaires dans notre système éducatif sont nombreux parmi les garçons. Il faut être clair : mon conseil aux jeunes personnes en général est de saisir les occasions dont notre génération n’a pas pu bénéficier. C’est quelque chose que nous leur offrons, qui est le résultat de nos mauvaises expériences et parfois de nos bonnes expériences. Je pense que c’est une chance pour eux pour construire leur avenir. Ils doivent apprendre de nos fautes, de nos échecs et nous utiliser comme des conseillers sages. Mais à la fin, ils doivent suivre leurs propres pensées et leur intuition”.

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