Le secteur de la santé à Sharjah

Des composés chimiques qui pourraient combattre les cellules responsables de la maladie d’Alzheimer et le cancer du sein ont été découverts lors d’un projet de recherche novateur par des établissements d’enseignement locaux. Deux études séparées de trois ans menées par l’Université de Sharjah, le Sharjah Medical Research Institute et l’Académie Sharjah pour la recherche scientifique, ont permis la découverte de 15 composés ayant le potentiel de combattre les cellules provoquant la maladie d’Alzheimer et trois composés éventuellement capable de combattre les cellules responsables de la progression du cancer du sein.
Les résultats sont repris par des revues médicales internationales, dont l’American Journal of Medicinal Chemistry, et l’Université a été approché par des sociétés pharmaceutiques et des organismes médicaux, y compris l’Institut Inserm à Paris.
Professeur Samy Mahmoud, chancelier de l’Université de Sharjah, considère les premiers résultats comme une «avancée majeure» dans la recherche médicale, et déclare que l’objectif sera le « transfert de technologie dans l’industrie». “Mais en aucun cas il s’agit de l’étape finale,” rappelle-il. “Nous avons en effet un long chemin à parcourir. L’étape suivante consiste à synthétiser le matériel médical de ces composés et l’appliquer à des expériences cliniques sur des animaux et des êtres humains, et à cet égard nous avons de solides affiliations et des accords juridiques avec un certain nombre d’organisations de classe mondiale. ”
Dr Taleb Al Tel, professeur agrégé de chimie médicinale organique à l’Université, déclare qu’il pourrait prendre entre 7 et 12 ans pour développer un médicament et le rendre disponible pour la consommation humaine. La méthodologie de recherche, semblable dans les deux études, consistait à identifier les enzymes à l’origine de ces deux maladies, et d’utiliser ensuite un programme informatique sophistiqué pour tester le potentiel des composés chimiques.
Sur base des résultats théoriques de la simulation sur ordinateur, les composés sont ensuite synthétisées et testées en laboratoire contre les cellules présentant une forte concentration de ces enzymes. Cependant, entre les progrès en laboratoire et les essais cliniques, il y a un certain nombre d’obstacles avant de développer un remède, particulièrement dans le cas de la maladie d’Alzheimer. « Bien que la maladie a été découverte en 1906, sa pathologie a seulement été comprise dans les années 90,» rappelle Dr Al Tél. « Et depuis lors, la plupart des sociétés pharmaceutiques et les institutions du monde entier sont confrontés à ce défi. »
L’insuffisance des données sur la prévalence de la maladie d’Alzheimer ainsi que les diagnostics erronés sont certains des défis rencontrés dans les Emirats Arabes Unis, déclare Professeur Hossam Hamdy, vice-chancelier de collèges médicaux et des sciences de la santé à l’Université. «Il y a souvent une confusion entre la maladie d’Alzheimer et la démence sénile, qui peut se produit naturellement durant la vieillesse. Cependant, la maladie d’Alzheimer a ses spécificités psychologiques et physiologiques et intervient à un âge plus précoce. »
Les experts estiment que le taux de la maladie dans les Emirats Arabes Unis est semblable à d’autres pays. Selon les chiffres de l’Association Alzheimer aux Etats-Unis, une personne sur huit âgée de 65 ans et plus, et près de la moitié des personnes de plus 85 ans, souffrent de la maladie. “Il n’y a aucune raison de croire qu’il y a des variations considérables d’un pays à l’autre,” déclare professeur Hamdy. “Seulement, les statistiques de certains pays sont plus précis et ont été recueillies correctement … mais les Emirats prennent des mesures considérables pour identifier, diagnostiquer et classifier les différentes maladies.”
Parallèlement à l’étude sur la maladie d’Alzheimer, des recherches sont menées sur les cellules de cancer du sein. Environ 110 composés chimiques ont été testés contre des cellules cancéreuses du mélanome et du sein, dont trois peuvent avoir un potentiel important dans la lutte contre les cellules responsables de cancer du sein.
Se référant à une étude réalisée en 2008 par l’Hôpital Tawam, l’Université des Emirats et le Département de la médecine préventive à Al Ain, Raafat El Awady, professeur agrégé de pharmacologie à l’Université de Sharjah, déclare qu’il y a maintenant des preuves solides pour considérer le cancer comme la principale cause de décès dans les Emirats Arabes Unis.
«Auparavant, on considérait les maladies cardiovasculaires et les accidents de la circulation comme la principale cause des décès. Cette confusion s’explique pour le processus d’établissement des certificats de décès. » Le processus de découverte de médicaments, en commençant par la formation des composés dans les laboratoires de chimie organique et se terminant par des essais cliniques sur les patients, coûte normalement entre 800 millions et 1,5 milliard de dollars.
Toutefois, les efforts des universitaires sont fermement soutenus par le gouvernement de Sharjah, qui offre financement et infrastructure pour les trois institutions selon The National.