Expatriation des cadres marocains à Dubaï

Effet de mode ou tendance lourde ? Depuis quelques années, une nouvelle « race » de cadres et de managers marocains s’expatrie à Dubaï. Ils sont dans les technologies de l’information, les médias, la finance, la communication, la monétique… Il n’y a pas de statistiques les concernant. Mais les différents témoignages recueillis sur place font état d’un nombre significatif, et qui va crescendo. Ce changement de cap par rapport aux destinations traditionnelles des cadres (Europe et Amérique du Nord) s’explique par la forte attractivité qu’exerce la petite principauté des Emirats Arabes Unies.

Historiquement, Dubaï et les pays du Golfe ont été depuis longtemps une destination privilégiée pour les lauréats des écoles hôtelières et les ouvriers du bâtiment, sans compter les petites mains qui y allaient pour les travaux domestiques et autres. Aujourd’hui, elle « s’est imposée comme un hub régional incontournable pour mieux approcher les marchés dynamiques du Moyen-Orient et de l’Asie », explique Nabil Ibenbrahim, directeur régional de HPS, fournisseur de solutions de monétique, dont le siège est situé à Dubaï Internet City.

Sur un autre registre, « l’attractivité de Dubaï découle également du développement d’un savoir-faire et d’une expertise pointue dans les domaines liés à la communication et aux médias, à l’instar des pays européens et américains », explique Bouchra Belarabi qui occupe actuellement le poste de directrice de la communication et des relations médias pour le Golfe et l’Afrique du Nord au sein de l’agence Greyworldwide.

Certains cadres ont fini par créer leur propre entreprise

D’ailleurs, dans le domaine des technologies de l’information, et compte tenu de la forte demande de ressources qualifiées dans ce secteur, plusieurs sociétés marocaines se sont lancées dans l’intermédiation (en qualité d’agences de recrutement) pour exporter des compétences marocaines dans des domaines pointus pour des sociétés de services installées à Internet City et Dubaï Silicon Oasis. Les entreprises ne lésinent pas sur les moyens pour attirer les meilleurs. Autrement dit, les salaires y sont élevés.

Plus intéressant encore, il y a l’environnement favorable des affaires, notamment à travers les offres attractives des zones franches, à l’instar de Jbel Ali Free Zone International (JAFZI International) et les facilités des procédures, y compris en ligne. D’ailleurs, un certain nombre de Marocains qui s’y étaient rendus en tant que cadres ont profité de cet environnement très favorable pour créer leur propre entreprise.

« Après une expérience de 15 ans avec plusieurs multinationales à Dubaï, j’ai créé mon entreprise de conseil et de formation dans le domaine de la monétique à Dubaï Internet City », raconte sur un ton confiant, Mohamed Belarej, directeur de Payment Systems Consulting.

L’attractivité de la destination ne se limite pas aux personnes physiques. Ainsi, deux sociétés qui opèrent dans le domaine de la monétique disposent d’une filiale régionale, à savoir HPS depuis 2003, et M2M Group en 2007.

Outre ses atouts professionnels, Dubaï offre aussi un cadre de vie agréable et sécurisé, malgré son climat subtropical aux températures et à l’humidité extrêmes en été. « Le niveau et la qualité des services et des prestations, aussi bien du secteur privé que public, est irréprochable, pour ne pas dire nettement supérieur comparativement à ce qui existe dans les pays européens et en Amérique du Nord », rappelle Yasmina Chraïbi, analyste financière chez le fournisseur d’informations financières pour la région Afrique/Moyen-Orient, Zawya.com.

Cerise sur gâteau, 80% de la population de la principauté est constituée par les étrangers. Traduisez : la ville de Dubaï est devenue au fil des années une société cosmopolite et accueillante. On s’y intègre facilement, sachant que le business est la langue commune. Notons toutefois que la maîtrise de l’anglais, outil de travail et de communication pour cette population cosmopolite, est une condition sine qua non pour réussir son intégration. L’autre difficulté est la scolarisation des enfants pour ceux qui s’expatrient avec leur famille. Les frais sont relativement élevés mais, en contrepartie, l’enseignement prodigué dans les écoles britanniques et américaines y est de bonne qualité.

Source: La vie éco – Rachid Jankari