Elections au Koweït, qu'en est-il?

Le Koweït, qui organise des élections législatives anticipées samedi, se distingue des autres monarchies pétrolières du Golfe par sa vie politique agitée, mais la famille Al-Sabah conserve les clefs du pouvoir depuis 250 ans.
Le Koweït est en 1962 la première monarchie du Golfe à adopter un système parlementaire. Un Parlement est élu en 1963.
L’Assemblée nationale (50 membres) est élue pour quatre ans au suffrage universel. Les ministres, qui ne peuvent être plus de 16, sont membres de droit. Les femmes, qui ont le droit de vote depuis 2005, y sont entrées en 2009. Les partis politiques sont interdits, mais plusieurs mouvements existent de facto.
De mi-2006 à 2013 et notamment après le Printemps arabe de 2011, le pays a traversé des turbulences avec la démission d’une dizaine de gouvernements et la dissolution de six Assemblées.
L’actuel émir, cheikh Sabah al-Ahmed Al-Sabah, 87 ans, est sur le trône depuis 2006 après une crise politique sans précédent au sein de la famille régnante.
Après des tensions entre élus et gouvernement autour de mesures d’austérité dictées par la chute des recettes pétrolières, il a décidé le 16 octobre de dissoudre l’Assemblée un an avant la fin de son mandat.
L’opposition avait boycotté les élections de 2012 et 2013, mais plusieurs groupes, notamment le Mouvement islamique constitutionnel lié aux Frères musulmans, ont décidé de participer au prochain scrutin.

Inquiétudes sécuritaires

Le Koweït, épargné depuis 2006 par des attaques, a été frappé le 26 juin 2015 par le pire attentat de son histoire lorsqu’un kamikaze saoudien s’est fait exploser dans une mosquée chiite de la capitale, tuant 26 personnes dans la première attaque au Koweït revendiquée par le groupe jihadiste Etat islamique (EI).
Parallèlement, la détérioration des relations entre l’Iran et les pays arabes du Golfe retentit sur les chiites (30% du 1,3 million de Koweïtiens, sur une population totale de 4,4 millions y compris les étrangers). Leur colère a été attisée en janvier 2016 par la condamnation à mort de deux chiites (un Koweïtien et un Iranien) pour espionnage au profit de l’Iran et du Hezbollah chiite libanais. Le Koweït a rappelé début janvier son ambassadeur à Téhéran après la rupture des relations entre Ryad et Téhéran.

Riche monarchie en déficit

Ce petit émirat de 17.818 km2 a l’un des plus hauts niveaux de vie du monde (quelque 26.870 euros) par habitant en 2015 selon le Fonds monétaire international.
Il s’est rapidement remis de son invasion en août 1990 puis son occupation par l’Irak, chassé en février 1991 par une coalition internationale menée par Washington.
Membre de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), le Koweït produit environ 3 millions de barils/jour et renferme 7% des réserves pétrolières mondiales.
En 2015/2016, le pays a connu son premier déficit budgétaire (14,1 milliards d’euros) en 16 ans en raison de la chute des prix du pétrole. Mais les excédents antérieurs ont procuré quelque 565 milliards d’euros de réserves, investies par le fonds souverain Kuwait Investment Authority (KIA) aux Etats-Unis, en Europe et en Asie.
Le prochain exercice devrait également être déficitaire et les prix ont augmenté pour les carburants pour la première fois en deux décennies (jusqu’à +80%), ainsi que pour l’électricité et l’eau pour les étrangers, une première depuis 50 ans.
Mi-2016, le Koweït est devenu le premier pays du Golfe à imposer un salaire minimum pour les employés de maison.
Source: levif.be