Les effets du Ramadan sur l’économie au Maroc?

Le ramadan, synonyme de spiritualité pour bon nombre de musulmans, vient à peine de commencer. Outre l’aspect religieux de ce mois sacré, il y a aussi le volet économique. Si certains secteurs comme l’agroalimentaire s’en sortent plutôt bien, d’autres comme le tourisme ou la restauration en pâtissent.
« C’est assez paradoxal, le ramadan est le mois de la surconsommation et de la productivité zéro. On ne travaille pas et on mange plus. Donc, c’est une évidence qu’il y ait un impact », estime l’économiste Najib Akesbi, également professeur à l’Institut agronomique et vétérinaire Hassan II, joint ce mercredi par le HuffPost Maroc.

Mehdi Lahlou, professeur à l’Institut national de statistique et d’économie appliquée (INSEA) de Rabat, est du même avis: « Le ramadan a de gros impacts sur l’économie nationale qui sont pour la plupart négatifs. C’est comme si on avait 29 jours de Noël d’un seul coup ».

Hausse de la consommation

« Il y a d’abord l’augmentation de la consommation alimentaire. L’essentiel du budget du ménage est dépensé en aliments. Le pouvoir d’achat a donc tendance à baisser, on commence alors à compenser par l’endettement », poursuit Mehdi Lahlou.

Les prix des produits de consommation alimentaire ont, en effet, tendance à « réagir significativement aux afflux supplémentaires de demandes, exprimées sur le marché » pendant le ramadan, comme le soulignait récemment le Haut commissariat au plan (HCP).

Selon ce dernier, une appréciation des prix des produits alimentaires de 0,6% a été enregistrée durant le précédent ramadan. Les poissons, les œufs et les fruits, qui représentaient alors 11,4% du panier de la consommation alimentaire, sont les produits les plus touchés. Mais ce n’est pas tout.

Balance commerciale touchée

Pour Najib Akesbi, la balance commerciale se retrouve également impactée durant cette période. « Il faut savoir que, comme on est dans un pays loin d’être autosuffisant, les importations grimpent pendant cette période. Une grande partie des produits alimentaires est importée, y compris certains produits qu’on croyait localement produits comme les œufs », explique-t-il.

Le Maroc, qui était jusqu’ici exportateur d’œufs, a décidé cette année d’en importer de France, du Portugal, mais essentiellement d’Espagne (4.000 tonnes). L’objectif est de remédier à la baisse de la production locale, causée par la propagation du virus H9N2, et faire face à la hausse de la demande des œufs pendant le mois sacré.

Pour faciliter les choses, le gouvernement a adopté récemment un décret pour faire baisser temporairement le taux des droits d’importations des œufs de table de 40% à 10%. Celui-ci est appliqué depuis le 15 mai dernier et continuera à l’être jusqu’au 15 juin prochain.

« En plus de l’impact sur la balance commerciale, il n’y pas d’effets positifs sur les recettes douanières », regrette l’économiste marocain.

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