Ces africains qui font de l’importation en Chine

Depuis une pièce sans fenêtre d’un immeuble vétuste de Hong Kong, le Guinéen Ali Diallo envoie vers l’Afrique des produits électroniques fabriqués dans des usines voisines. Dans le sud de la Chine, des milliers d’Africains alimentent le commerce vers leur continent d’origine. Ali Diallo, 39 ans, est l’un des nombreux maillons des échanges entre la deuxième économie mondiale et un continent en pleine expansion.

Cinq ans après son arrivée à Hong Kong, son entreprise réalise un chiffre d’affaires annuel de 11 millions de dollars US (8,13 millions d’euros) en vendant des téléphones et des tablettes produits en Chine.

« Il existe en Chine des opportunités pour les gens qui partent de rien et qui veulent y arriver. Pas en un jour évidemment, mais avec du travail et des contacts », déclare le marchand.
Son tout petit bureau, encombré de cartons destinés cette fois-là au Nigeria, se trouve dans le Chungking Mansions, un immeuble célèbre de Hong Kong qui a longtemps abrité des hôtels bon marché et qui est aujourd’hui le rendez-vous des commerçants africains.

Jusqu’à 20% des téléphones mobiles utilisés en Afrique sont passés par le Chungking Mansion ces dernières années, selon Gordon Mathews, professeur d’anthropologie à la Chinese University de Hong Kong et auteur d’un livre sur ce bâtiment.
L’immeuble de 17 étages, ruche grouillante d’activités, est le point de transit des appareils fabriqués à une centaine de km, dans la province du Guangdong, appelée parfois l’usine du monde.
C’est là que s’est créée une des plus importantes communautés africaines en Asie. Dans la capitale de la province, Canton, vivent au moins 20.000 Africains, selon une étude de l’université Sun Yat-sen.
Leur nombre est faible par rapport au million de Chinois qui résident en Afrique, mais ces immigrants jouent un rôle clé dans le commerce entre les deux continents.

« Les marchands (africains) apportent avec eux des connaissances et des capitaux, et font vivre une partie de l’industrie manufacturière chinoise. S’ils disparaissaient, ça aurait un impact énorme sur l’économie du sud de la Chine », déclare Gordon Matthews.

Beaucoup se sont regroupés dans un quartier surnommé « Little Africa » –et doté par la presse de l’appellation douteuse de « Chocolate City ». A côté du riz sauté et du poisson cuit à la vapeur, menu cantonais traditionnel, les gargotes proposent du tilapia et du fufu, un plat congolais à base de poisson et de manioc.

A quelques kilomètres, l’Igbo (une langue parlée au Nigeria) est entendu autant que le cantonais au sein d’un vaste bâtiment qui accueille des entreprises d’exportation de vêtements.

Lamine Ibrahim entasse des milliers de jeans dans des sacs destinés à l’Afrique. Comme d’autres Africains, il a fini par épouser une Chinoise. Par amour… et par précaution.
« Pour les relations avec les Chinois, c’est elle qui fait. J’achète une voiture, elle est là. J’ouvre un atelier, elle est là. Si je n’avais pas de femme (chinoise), ce serait moins facile », dit ce Guinéen musulman dans un anglais approximatif.
Lui et son épouse Choi Zoung-mai, qui a pris le nom Maryam Barry en se convertissant à l’islam, ont ouvert leur premier atelier il y a cinq mois, avec 43 ouvriers chinois. Ils espèrent ainsi assurer l’avenir de leur fils de quatre ans.

Une concurrence accrue et la hausse des coûts de la main d’oeuvre font que tous ne réussissent pas. Mais la communauté, dont l’arrivée à Canton date des années 90, dispose d’un réseau de soutien qui permet à chacun d’avoir de l’ambition.

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