BTP en Algérie

Dans un secteur qui réalise un taux de croissance à deux chiffres, avec une prévision de construction de deux millions de logements et d’infrastructures diverses, y compris des villes nouvelles, il est d’emblée plus que pertinent de s’intéresser à l’écoconstruction. Cela d’autant que l’explosion de la demande énergétique dans le résidentiel est rappelée régulièrement dans les publications de la Commission de régulation de l’électricité et du gaz (Creg). Le pic de la demande d’électricité d’août 2011 qui avait atteint 8746 MW dépassait de 1000 MW celui de l’année précédente. Il en est de même pour la demande résidentielle en gaz naturel. Dans un de ses scénarios, la Creg estime que la consommation de gaz naturel sur le marché national qui  avait atteint 27,5 milliards de m3 en 2010  doublera dix ans après, en 2020. Dans cette situation, l’écoconstruction apparaît comme un des instruments de mise en place d’un modèle de consommation énergétique sobre. Mais pour le moment, hélas, la réalité est toute autre. Je voudrais d’abord remettre en cause une idée reçue sur les tarifs algériens de l’électricité et du gaz naturel. Ils sont faibles et pas seulement en termes de prix relatifs en comparaison à ceux de l’Europe ou à ceux de nos voisins. Tant que ces tarifs de l’électricité et du gaz naturel resteront aussi faibles la propension à investir dans des actions d’économie d’énergie sera négligeable auprès des investisseurs et des consommateurs. Voyons un contre exemple significatif.
Pourquoi voulez-vous qu’un ménage habitant un logement disposant, à l’achat ou à la location, d’un chauffe-bain à gaz naturel s’équipe d’un chauffe-eau solaire de 200 litres dont le coût de fabrication par la filiale Grands Travaux pétroliers (GTP) de Sonatrach est de 135 000 DA ? Il lui faudra plus de dix ans pour l’amortir au tarif actuel du gaz naturel. Deuxième exemple. Lors que l’on été incapable d’assurer à ce jour, dans un marché en forte croissance, une autosuffisance en matière de ciment malgré l’existence de facteurs de production compétitifs (énergie, calcaire) comment pouvons nous croire à la  promotion des “matériaux biosourcés” et au “green building”. Comment faire croire que nous serions capables de recycler des produits de récupération tels que le papier, la sciure ou la paille pour en faire des matériaux d’isolation thermique ou acoustique, alors que des politiques de recyclage d’huiles moteurs usées initiées depuis un quart de siècle n’ont donné aucun résultat. Pourquoi en sommes-nous là ? Pour ma part j’estime que cela renvoie pour l’essentiel à une politique tarifaire qui non seulement ne pousse pas aux économies d’énergie mais au contraire favorise le gaspillage. La tarification par palier de consommation mise en œuvre par la Sonelgaz n’a pas été suffisante pour changer le comportement des consommateurs d’autant qu’une partie d’entre eux ne paient tout simplement pas leur consommation.
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