Alpinisme : Herzog et l’Annapurna

Il y a 70 ans, Maurice Herzog rentrait dans l’Histoire de l’alpinisme après l’ascension du mont himalayen Annapurna. Une légende qui éclipse alors ses compagnons de route, Louis Lachenal, Gaston Rébuffat et Lionel Terray.

Si l’année 1962 a été émaillée de nombreux succès français, douze ans après, le souvenir de la victoire sur l’Annapurna de la cordée de Maurice HERZOG reste sans égal. Aujourd’hui, Maurice HERZOG s’acquitte de sa mission à la tête du Haut-Commissariat à la Jeunesse et aux Sports. Retour en images sur l’exploit de l’alpiniste Maurice Herzog.

C’était il y a 70 ans : la conquête française de l’Annapurna, sommet népalais qui culmine à 8091 mètres d’altitude. Le 3 juin 1980, Maurice Herzog et Louis Lachenal foule la neige par -40 degrés. Ils sont alors les premiers hommes à gravir un 8000 mètres. Ils ne le sauront qu’après leur redescente, pendant laquelle Herzog perdra ses doigts et ses orteils. Louis Lachenal, lui aussi va perdre ses orteils. Un calvaire qui, une fois de retour en France, ne servira que la gloire d’Herzog qui va éclipser le mérite de ses camarades de voyage.



Des dissensions entre alpinistes

En 1950, Lucien Devies est le puissant patron du Club Alpin Français (CAF). C’est lui qui demande à Maurice Herzog, gaulliste et résistant comme lui, de diriger une nouvelle expédition en Himalaya. « Notre exploit doit être celui de la nation » répète Herzog, alors que Lachenal, profondément antimilitariste, écrira plus tard :

« Ce voyage n’était pas une affaire de prestige national. C’était une affaire de cordée. » – Louis Lachenal

Les oubliés de la cordée

« Il était notre Lindbergh, notre Redford, un des rares Français connus partout dans le monde » disait Jean D’Ormesson à propos d’Herzog. De retour en France, Maurice Herzog devient maire, député et ministre. De son côté, Louis Lachenal, génie de l’alpinisme, déprime de ne pas retrouver son niveau d’avant l’ascension.

Deux autres alpinistes ont fait partie de la cordée : Gaston Rébuffat et Lionel Terray, eux aussi guides chamoniards. Eux vont perdre la vue à cause du froid et n’atteindront pas le sommet. Rébuffat dénoncera « l’égocentrisme » d’Herzog et Terray écrira : « Oubliant délibérément la notion trop abstraite de victoire d’équipe, les journaux élevèrent au rang de héros national Maurice Herzog, les autres, Lachenal compris, étant relégués » au rang de « simples comparses ».

L’expédition n’aurait jamais pu atteindre le sommet sans l’aide des sherpas et de 200 coolies, des travailleurs agricoles. Elle met un mois à atteindre le sommet.

Une histoire réécrite ?

Maurice Herzog a raconté l’aventure dans le best-seller de littérature de montagne : « Annapurna, premier 8000 », vendu à une douzaine de millions d’exemplaires et traduit en 40 langues. Plusieurs livres ont ensuite écorné sa légende, notamment celui de sa propre fille, Félicité Herzog : en 2012, elle estimait que son père avait réécrit l’histoire de l’ascension, trahi et négligé son entourage « sans jamais avoir le sentiment d’avoir fait mal puisque la société le jugeait si bien ».

Sa filleule, Marie-Laure Tanon regrettait dans le journal Le Monde, qu’on « réécrive l’histoire à la lumière de ce qu’Herzog était devenu. Il a été un remarquable chef d’expédition. C’est lui qui avait la foi ».

Maurice Herzog est mort le 13 décembre 2012 à Neuilly-sur-Seine en région parisienne. Louis Lachenal est mort en 1955 dans un accident de ski dans la vallée blanche à Chamonix. Gaston Rébuffat est lui décédé le 31 mai 1985 à Bobigny, Lionel Terray le 19 septembre 1965 aux arêtes du Gerbier dans le massif du Vercors.

Source: La RandoFrance Bleu