Par La Rando

Canal Plus et le Qatar

La chaîne cryptée capitalise sur les moyens illimités de l’émirat, via le PSG. Dans le même temps, Bertrand Méheut, le président du groupe, et ses collaborateurs multiplient les attaques envers un « acteur irrationnel ».
A chaque « classique » entre le PSG et l’OM, Canal en fait toujours plus. Même trop pour certains. Ainsi, dimanche 24 février, la chaîne cryptée a mis le paquet, à grands renforts d’annonces, de reportages, et de pirouettes techniques. A raison, puisque qu’elle a réalisé à cette occasion un résultat historique en termes d’audience.
Durant le match, Canal Plus a multiplié les plans montrant les stars parisiennes : Beckham, Zlatan, encore Beckham, Léonardo, toujours Beckham. Sans oublier de mettre en avant les différentes surprises proposées par le PSG : coup d’envoi par l’ex-superstar Ronaldo, animation musicale assurée par Ariel Wizman, également chroniqueur sur…Canal Plus… Curieuse façon d’assurer la promotion de la démonstration de force effectuée par le club de la capitale.
Pour rappel, le PSG a pour propriétaire Qatar Investment Authority (QSI), le fonds souverain du Qatar. Et Nasser Al-Khelaïfi, le président du club, est également directeur général de Al Jazira Sport dont la filiale, BeIN sport, est le direct concurrent de Canal Plus.

Tacles à répétition

Un adversaire que la chaîne de Bertrand Méheut ne se prive pas de tacler de manière régulière. La dernière pique en date est l’œuvre de Cyril Linette, le patron des sports de Canal Plus.
Le 15 février dernier, il déclarait au micro du Buzz Média Orange-Le Figaro : « nous avons l’impression de lutter à armes inégales face à ce concurrent ». « Comme eux, nous avons de gros moyens, mais la différence, c’est que nous dépensons l’argent que nous avons! En face, BeIN Sport dépend du fond souverain du Qatar qui peut donc se permettre de dépenser des centaines de millions d’euros à perte, puisqu’ils affichent environ un million d’abonnés et 400 millions d’euros de dépenses. Cela leur confère une puissance irrationnelle sur le marché des droits sportifs« .
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Par La Rando

Le Qatar et le sport

L’implication de plus en plus grande du Qatar dans le paysage sportif mondial a constitué l’un des axes importants des discussions dans les médias au cours de ces dernières semaines. En effet, l’engouement de ce micro état (une superficie proche de la Corse) aride du golfe arabo-persique, peuplé d’environ 1,7 millions d’habitants (dont 15% de nationaux), autour de l’organisation de nombreux évènements sportifs de dimensions et de nature différentes, a attiré l’attention, souvent négative, des analystes occidentaux. En effet, nous avons pu observer que l’imaginaire sur le Qatar reposait sur cette construction biaisée et singulièrement caricaturale. Nous ne chercherons pas ici à trouver un coupable, là n’est pas le propos. Notons rapidement que le regard médiatique sur le Qatar est un regard particulier. Une géographie faussement globale car tout en croyant voir la planète en direct, nous ne regardons en fait que nous même, du moins la crainte latente d’un pays qui fascine comme il inquiète.
Le sport incarne un enjeu majeur dans la Stratégie Nationale de développement (2011-2016) et la Vision Nationale du Qatar à 2030. Pour servir cette ambition, il est le produit d’une réflexion insérée dans une stratégie globale, qui doit permettre (en théorie) au pays d’exister dans un environnement complexe. Reprenant les dires de l’émir Al Thani, de « positionner le Qatar sur la carte du monde ».
Barré dans son expression militaire, le Qatar mise sur les armes du « soft power » défini par Joseph S. Nye comme la « puissance douce » et son corolaire « le discours géographique » (discourir sur l’image positive d’un pays), pour entretenir la réputation du Qatar. Sa signification géopolitique peut être déployée comme une arme ou un bouclier permettant de façonner des connotations signifiantes et positives pour y raconter « une histoire authentique du pays » .
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