Par La Rando

Stratégie de développement du Qatar

Le Qatar ou la stratégie du plus faible – entretien avec le Journal de Saint-Denis (93)
Le JSD : Quel est le fondement de la stratégie de développement du Qatar ?
Nabil Ennasri :Il faut replacer le Qatar dans sa situation géopolitique, celle d’un petit pays coincé entre deux voisins intimidants : l’Iran et l’Arabie Saoudite. Les dirigeants qataris pensent leur place à travers ce prisme d’une vulnérabilité excessive, doublée du fait que le Qatar, assis sur la troisième réserve mondiale de gaz, suscite les convoitises. L’exemple du Koweït, envahi par l’armée irakienne, en 1990, a été un traumatisme majeur. Cette conscience aiguë de sa fragilité pousse le Qatar à s’assurer du parapluie militaire américain. Mais la force pure leur étant interdite, ils misent sur le « soft power » : s’afficher pour exister. Cela passe par Al Jazeera, qui leur a conféré une audience planétaire en quelques années. Cela se décline aussi dans les domaines sportifs, culturels, religieux et diplomatiques. Le sport notamment est considéré comme un vecteur de rayonnement majeur qui doit situer positivement le Qatar sur la carte.
Le JSD : Ce développement ne va pas sans un certain nombre de problèmes…
Nabil Ennasri :Il y a deux contradictions majeures. D’abord, la condition dramatique des ouvriers étrangers. Ce sont eux qui ont fait le Qatar, mais ils vivent une situation – économique, juridique – accablante. Le Qatar ne pourra pas se prévaloir d’être le modèle qu’il veut être pour les autres pays du Golfe s’il n’améliore pas de manière substantielle la condition de ces travailleurs. Au-delà du coût social, le prix écologique est exorbitant. Récemment encore, les Qataris étaient les plus gros pollueurs de la planète par habitant. Depuis quelques années, une politique publique de réduction des coûts environnementaux a permis de limiter l’empreinte écologique. On est très loin du compte, même si la tendance est à la baisse.
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Par La Rando

Football: accusations de corruption contre le Qatar

Entretien réalisé avec Pierre Puchot, journaliste à Mediapart. Paru sur le site Mediapart le 29 janvier 2013. On connaissait déjà les contrats mirifiques, en millions d’euros, qui avaient permis au Qatar de s’attacher les bonnes grâces de personnalités emblématiques du football comme Zinedine Zidane ou Pep Guardiola, soutiens décisifs lors de l’élection qui permit à Doha de se voir attribuer la Coupe du monde 2022. Dans une enquête intitulée Qatargate, le journal France Football apporte mardi 29 janvier de nouveaux éléments sur le processus de corruption qui aurait été mis en branle lors de la désignation du pays organisateur, et notamment l’achat par les Qataris des voix de la fédération des Caraïbes.
Quelle est la part de responsabilité de la Fédération internationale de football association (Fifa) dans ce triste panorama ? Comment le Qatar agit-il à l’échelle internationale pour étendre son influence, par le biais d’ambassadeurs de prestige comme Michel Platini ou Nicolas Sarkozy ? Le « Qatarbashing » est-il devenu une pratique largement répandue du fait des succès du petit émirat ? Décryptage avec Nabil Ennasri, spécialiste du Qatar et auteur de l’ouvrage L’Énigme du Qatar, à paraître le 6 mars chez Iris édition.
Comment réagissez-vous à cette enquête qui présente le Qatar comme un élément de corruption vis-à-vis de la Fifa et du monde du football dans son ensemble ?
On connaissait depuis longtemps le fonctionnement semi-mafieux de la Fifa, les pots-de-vin, tout cela est documenté. Quand le Qatar a réussi à obtenir l’organisation de la Coupe du monde 2022, on pouvait donc se poser la question de la corruption éventuelle, car le processus de prise de décision de la Fifa est extrêmement trouble. Et les enjeux financiers sont colossaux. Ces soupçons de corruption, nous les avions donc depuis deux ans, depuis décembre 2010, date à laquelle le Qatar a été désigné pour organiser l’événement.
On se rappelle notamment le cas de Mohammed Bin Hammam, qui était l’un des représentants qataris au comité exécutif de la Fifa. Du fait de sa volonté trop affichée de soudoyer un certain nombre d’agents au sein de ce comité, ou d’acheter tout simplement les votes, il a fini par être radié. Une commission d’éthique est en train de travailler sur le dossier du Qatar. Ces soupçons et éléments de corruption sont aujourd’hui davantage étayés par l’enquête de France Football. Mais on savait déjà pour Nicolas Sarkozy qui aurait, selon l’hebdomadaire, conseillé discrètement à Michel Platini de voter pour le Qatar.
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