Par La Rando

Le Qatar par Pascal Boniface

Nabil Ennasri, auteur de « L’énigme du Qatar » (IRIS Editions), répond aux questions de Pascal Boniface, directeur de l’IRIS.

Vous venez de publier L’énigme du Qatar, comment expliquez-vous cette floraison de livres sur le Qatar ?

C’est d’abord le reflet d’une volonté de répondre aux grandes interrogations que suscite le sujet « Qatar » auprès de l’opinion. Depuis deux ans, l’implication de cet émirat, autant dans notre pays qu’à l’international, est devenu grandissant voire envahissant pour certains. De l’acquisition du PSG à celle du Printemps, du « fonds pour les banlieues » à l’engagement dans les révoltes arabes, l’activisme débordant du Qatar, de même que son ascension fulgurante, a légitimement suscité une envie d’en savoir plus. Après avoir fait la Une des journaux, le Qatar a donc pris place dans les librairies. Aujourd’hui, pas moins d’une demi-douzaine d’ouvrages sont sortis en l’espace de quelques semaines. Cette inflation livresque est salutaire car l’ignorance est grande à l’égard de ce micro-État qui était inconnu il y a encore une quinzaine d’années. Ceci dit, il faut savoir faire la part des choses. Certains essais sont l’expression d’une réflexion dépassionnée et le fruit d’une solide connaissance de ce pays ; d’autres ont opportunément saisi la balle au bond pour se positionner sur un secteur porteur, ce qui ne va pas sans une légèreté voire une superficialité dans la grille analytique.
Une rumeur vous présente comme un agent du Qatar, en mission pour influencer les jeunes musulmans français. Que répondez-vous ?
Vous avez raison d’évoquer le terme de « rumeur » car cette idée saugrenue ne se base sur aucun fait tangible. En réalité, ce fantasme traduit, pour ceux qui en font l’écho, un rapport biaisé avec l’islam et le monde arabe. Puisque le Qatar soutient les formations de l’islam politique au Moyen-Orient, il doit forcément être impliqué dans les affaires de l’islam français. Cette équation simpliste se base essentiellement sur ce mirage d’un Qatar présent partout et prêt, via ses pétrodollars, à financer tout le monde, notamment la communauté musulmane française considérée comme la plus importante d’Europe de l’Ouest. Pour apporter de l’eau à leur moulin, certains iront jusqu’à user de procédés mensongers en surfant sur l’image sulfureux du jeune musulman de banlieue. C’est un peu ce qui se passe aujourd’hui : si vous êtes jeune, musulman, chercheur sur le Qatar et militant associatif engagé pour redresser la condition des minorités et qu’en plus, vous avez le malheur de ne pas céder aux sirènes faciles du « Qatar-bashing », vous êtes ipso-facto considéré comme suspect et complaisant.  Lire la suite sur Mon Blog Le Monde…

Par La Rando

La stratégie du Qatar en matière de sport

La spectaculaire percée du Qatar dans le domaine du sport a été un des faits marquants de ces dernières années. Pas une discipline sportive n’est aujourd’hui épargnée par l’appétit du petit émirat : football, handball, équitation, tennis, cyclisme etc. Non content d’avoir obtenu l’organisation de la Coupe du monde de football pour 2022 et le mondial de handball pour 2015, le pays postule pour les mondiaux d’athlétisme de 2017 et même les Jeux Olympiques d’été de 2020. Cet engouement est le fruit d’un calcul stratégique mais avec des retombées colossales sur le plan économique.
Comme le note Pascal Boniface, le choix stratégique opéré par les dirigeants du Qatar de faire du sport un élément central de leur activité diplomatique correspond à une volonté d’exister dans une région du monde marquée par l’instabilité. « Vivant dans une zone géopolitique troublée (…) le Qatar a choisi la diplomatie sportive pour exister sur la carte. Le Qatar mise sur la visibilité du sport et son attractivité pour (…) se faire connaître de façon positive dans le monde entier » analyse le directeur de l’IRIS (Institut de Recherche Internationale et Stratégique). Cette obsession de visibilité est donc la meilleure garantie pour les dirigeants du Qatar d’assurer leur sécurité et cet enthousiasme pour le sport devient même une des caractéristiques majeures de l’émirat. Quand on sait qu’en 2006, ce sont 26 milliards de personnes – en audience cumulée – qui ont suivi les retransmissions télévisées des matchs du Mondial allemand, on imagine l’intérêt médiatique d’une telle manifestation. L’Emir du Qatar avait donné le signal de cette orientation stratégique en déclarant qu’il« est plus important d’être reconnu au Comité International Olympique (CIO) qu’à l’Organisation des Nations Unies »…
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