Par La Rando

Les Frères musulmans et l’opération « Serval »

Principale force politique du nouveau monde arabe, celui qui a été remodelé par les révolutions de l’année 2011, le mouvement des Frères musulmans a réagi en ordre relativement dispersé à l’intervention française au Mali. Si la maison mère de la confrérie, fondée en Egypte à la fin des années 1920, a critiqué l’operation militaire « Serval », les différentes branches de cette organisation transnationale n’ont pas toutes réagi à l’unisson.
Au-delà d’un réflexe de défiance à l’égard de ce qu’ils voient comme une nouvelle intrusion occidentale en terre musulmane – attitude facilitée par le fait que la situation au nord du Mali est souvent mal connue –, les nouveaux pouvoirs doivent composer avec leur opinion publique et leurs intérêts géopolitiques, parfois divergents.
Jeudi 17 janvier, dans un communiqué de l’Union internationale des oulémas, qu’il préside, le cheikh égyptien Youssef Al-Qaradaoui, considéré comme le guide spirituel de fait de la confrérie, avait jugé l’entrée en action des soldats français « précipitée ». Célèbre dans tout le monde musulman pour l’émission « La charia et la vie », sur la chaîne qatarie Al-Jazira, ce prédicateur s’était ému des « conséquences dangereuses » de l’opération, avant d’exhorter les parties à régler la crise par le dialogue.
« CELA VA ATTISER LE CONFLIT DANS CETTE RÉGION »
Quatre jours plus tard, le président égyptien Mohamed Morsi, haut dirigeant de la confrérie, s’était à son tour dit hostile au déploiement des forces françaises. « Cela va attiser le conflit dans cette région, avait-il déclaré. L’intervention doit être pacifique et (…) des fonds doivent être investis dans le développement. »
M. Morsi s’est d’autant plus facilement rallié aux vues du télécoraniste d’Al-Jazira que ses rivaux salafistes tentent de mobiliser la rue contre l’opération « Serval ». Le 18 janvier, plusieurs dizaines de radicaux musulmans avaient protesté devant l’ambassade de France au Caire, stigmatisant ce qu’ils voient comme une intervention « coloniale ». A quelques mois d’élections législatives et alors que l’exercice du pouvoir entame l’aura de son parti, le président Morsi se devait d’occuper le terrain, même si la question malienne reste très secondaire dans les préoccupations des Egyptiens.
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