Par La Rando

L’émirat du Qatar vu par l'Occident

L’émirat du Qatar, à peine plus grand que la Corse, grâce à ses immenses réserves gazières, peut tout s’offrir sur la planète : des clubs sportifs, des pans entiers de l’industrie européenne, des palaces, la Coupe du monde 2022. Qatar. Les secrets du coffre-fort (éditions Michel Laffon, mars 2013). Sous ce titre, les journalistes Christian Chesnot et George Malbrunot, spécialistes du Moyen-Orient et auteurs de plusieurs ouvrages sur la question, démontent, dans une enquête à plusieurs tiroirs, les appétits de ce «nain à l’appétit d’ogre» qu’est le Qatar. L’émirat du Qatar, à peine plus grand que la Corse, grâce à ses immenses réserves gazières, peut tout s’offrir sur la planète : des clubs sportifs, des pans entiers de l’industrie européenne, des palaces, la Coupe du monde 2022.
Les deux grands reporters esquissent les raisons de cette boulimie et montrent comment le Qatar, pour asseoir sa puissance et ses ambitions débordantes, a choisi de se créer un empire en achetant le monde.
Les auteurs montrent comment le Qatar est passé de la diplomatie du carnet de chèques à l’armement des rebelles libyens et syriens, comment il cherche à noyauter des institutions telles que la Ligue arabe ou l’Unesco. Et les fantastiques moyens d’information dont est dotée Al Jazeera, ses prises de participation dans les médias occidentaux… Et ce, au terme d’une longue enquête fondée sur des témoignages de proches de la famille régnante, de diplomates et hommes d’affaires arabes et occidentaux, sur de nombreux voyages sur plusieurs années dans l’émirat et la région.

Georges Malbrunot et Christian Chesnot qui, au cours de leurs recherches, découvrent les raisons de leur libération d’Irak où ils étaient retenus en 2004 – et le rôle joué par El Jazeera dans cette libération –  lèvent le voile sur un pays fascinant, tout en paradoxes, avec ses zones d’ombre et ses éclats, dirigé par une famille au sein de laquelle trois membres jouent les principaux rôles : l’émir lui-même, cheikh Hamad Bin Khalifa Al Thani, la deuxième de ses trois épouses, l’ambitieuse et brillante cheikha Moza, et un Premier ministre qui propose de régler financièrement les problèmes diplomatiques, Hamad Bin Jassem Al Thani, dit HBJ.
Il y a la deuxième génération appelée à reprendre les rênes du pouvoir : les enfants de l’émir Tamim, prince héritier, et les filles Mayassa (qui préside la Qatar Museum Authority et le Doha Film Institute) et Hind, directrice de cabinet de son père. Lire la suite…

Par La Rando

Le Qatar et le sport

L’implication de plus en plus grande du Qatar dans le paysage sportif mondial a constitué l’un des axes importants des discussions dans les médias au cours de ces dernières semaines. En effet, l’engouement de ce micro état (une superficie proche de la Corse) aride du golfe arabo-persique, peuplé d’environ 1,7 millions d’habitants (dont 15% de nationaux), autour de l’organisation de nombreux évènements sportifs de dimensions et de nature différentes, a attiré l’attention, souvent négative, des analystes occidentaux. En effet, nous avons pu observer que l’imaginaire sur le Qatar reposait sur cette construction biaisée et singulièrement caricaturale. Nous ne chercherons pas ici à trouver un coupable, là n’est pas le propos. Notons rapidement que le regard médiatique sur le Qatar est un regard particulier. Une géographie faussement globale car tout en croyant voir la planète en direct, nous ne regardons en fait que nous même, du moins la crainte latente d’un pays qui fascine comme il inquiète.
Le sport incarne un enjeu majeur dans la Stratégie Nationale de développement (2011-2016) et la Vision Nationale du Qatar à 2030. Pour servir cette ambition, il est le produit d’une réflexion insérée dans une stratégie globale, qui doit permettre (en théorie) au pays d’exister dans un environnement complexe. Reprenant les dires de l’émir Al Thani, de « positionner le Qatar sur la carte du monde ».
Barré dans son expression militaire, le Qatar mise sur les armes du « soft power » défini par Joseph S. Nye comme la « puissance douce » et son corolaire « le discours géographique » (discourir sur l’image positive d’un pays), pour entretenir la réputation du Qatar. Sa signification géopolitique peut être déployée comme une arme ou un bouclier permettant de façonner des connotations signifiantes et positives pour y raconter « une histoire authentique du pays » .
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