Réserve Naturelle de Chastreix-Sancy

Les pratiques de l’escalade et de l’alpinisme sont désormais, et définitivement, interdites dans les limites de la Réserve Naturelle Nationale de Chastreix-Sancy (Puy-de-Dôme), après plus de 10 ans de procédure.

La Réserve Naturelle de Chastreix-Sancy interdit désormais, et définitivement, la pratique de l’escalade et de l’alpinisme après une polémique et plusieurs recours qui ont duré plus de 10 ans. Le risque d’impact sur l’environnement, même faible, a donc été retenu. Selon les gestionnaires du site, « le but de la réserve est de protéger un joyau naturel et environnemental ». Les réserves naturelles représentent moins de 2% du territoire national. Sur les sites de falaises concernés par l’escalade et l’alpinisme, un risque d’impact existerait. Selon eux, il concerne notamment :

  • la roche elle-même: la « trachy-andésite hétérogène », classique sur le massif mais rare sur l’ensemble du continent européen
  • les mousses et les lichens
  • les hirondelles et faucons et leurs sites de nidification
  • plusieurs plantes comme la joubarbe d’Auvergne et l’Orpin reprise
  • un papillon, l’Apollon, protégé notamment par la Convention de Berne

L’escalade représenterait un risque de « nettoyage » d’une falaise, avec des entretiens réguliers des voies aménagées et la pose régulière de pitons.

La fin d’une très longue procédure

La création de la Réserve naturelle remonte à un décret de 2007 au Conseil d’Etat. Pendant la période de recours, de quelques mois, aucune remarque n’a été envoyée. Le décret était donc valide après cette période. Mais une tentative de recours a quand même été organisée par la suite, pour essayer d’introduire la pratique de l’escalade et de l’alpinisme, avec plusieurs étapes et leurs lots de dossiers et rendez-vous, en 2014, 2015 et juin 2018. Le Conseil National de Protection de la Nature a d’abord émis un premier avis favorable, puis défavorable par la suite mettant en avant le risque d’impact sur la nature de ces pratiques sportives.

Sur le versant sud du massif, le plan de gestion de la réserve a installé une « zone de tranquillité ». Officiellement, les activités touristiques ou sportives doivent donc, à cet endroit, « être maîtrisées ».

Une liste précise de régulation et d’interdiction

La Réserve Naturelle veut protéger les 4 000 espèces végétales et animales recensées, dont 500 sont rares ou menacées. Parmi celles-ci, 121 espèces de plantes rares, et 2 espèces de papillons en grand danger.

  • La liste des interdictions :
  • les chiens (sauf tenus en laisse sur le GR30)
  • le bivouac et le feu
  • la cueillette (sauf cueillette familiale des baies comestibles et des champignons)
  • la chasse aux oiseaux
  • les véhicules à moteur (sauf exceptions)
  • les activités sportives (sauf : randonnée pédestre ou équestre, ski, parapente, deltaplane, montgolfière, ainsi que ski de fond et raquette à neige)
  • le VTT est interdit dans la réserve

Un code de bonne conduite a été rédigé pour les randonneurs pour suivre les sentiers balisés. Le site accueille chaque été près de 180.000 promeneurs, avec des sentiers répartis sur les deux réserves naturelles : celle de Chastreix-Sancy et celle de la vallée de Chaudefour.

Un alpiniste très remonté

Sur les réseaux sociaux, François Lesca, ne cache pas sa déception. Depuis plus de 10 ans, ce professionnel de l’escalade se bat pour faire autoriser sa passion dans la Réserve Naturelle:

« Dix ans pour en arriver là! Des centaines de nuits blanches, des sacrifices familiaux et financiers pendant toutes ces années pour ceux qui ont travaillé sur ce dossier mais aussi près de 100.000€ d’argent public, la mobilisation pendant 10 ans des services de l’Etat, des dizaines de réunions, une concertation inédite avec gestionnaires et spécialistes, tout cela pour un dossier qui ne sera pas ouvert, balayé sur un coin de table par pur dogmatisme. La déception voire l’écœurement sont immenses. »

En janvier 2017 nous avions filmé une escalade sur glace dans le massif du Sancy

 

Source: francetvinfo