Et si le Qatar ne finançait plus le foot en France…

N’ayons pas la mémoire courte. Le Qatar fut longtemps considéré comme une bénédiction. Son argent couvrait d’une manne inespérée un football européen en déficit structurel, sous la perpétuelle épée de Damoclès d’une faillite générale, toujours annoncée, jamais survenue.

Désormais, les révélations sur le coût humain (des centaines d’ouvriers décédés, au bas mot) de la Coupe du monde en 2022, le rôle trouble de l’émirat dans la situation géopolitique du Moyen-Orient ou encore la sacro-sainte hypocrisie des valeurs du  » football  » concentrent un feu nourri de critiques.

De la sorte, de Bernie Sanders aux ultras français, tous peignent un visage peu avenant de ces étrange(r)s  » bienfaiteurs « . Or, avec la baisse du prix du baril et le sentiment d’ingratitude qui doit les travailler, les Qataris semblent quelque peu repositionner, en retrait, leur stratégie dans le petit monde du ballon rond. Alors que se passerait-il, à part de perdre des  » riches  » si faciles à détester dans le contexte actuel, si d’un coup de baguette magique ou politique, l’argent du pétrole s’évanouissait, notamment en France.

Les droits télés, poumons du foot français, ou le risque de la suffocation économique

Comment se le cacher, surtout en L1, les droits télés sont indispensables à la survie, voire l’existence même de nos clubs (régulièrement, Frédéric Thiriez frappe à la porte de la présidence de la République pour contraindre les diffuseurs à gonfler l’enveloppe, le libéralisme a ses limites). Au point que les retransmissions, même en L2, conditionnent les horaires des matchs. Canal Plus, traditionnel et originel pourvoyeur de bonheur en la matière, avait dû d’abord céder un peu de son monopole devant Orange, puis l’arrivée de beIN Sport. La chaîne cryptée avait pourtant de nouveau retrouvé sa prééminence en signant pour 748 millions d’euros par saison, de quoi se consoler de la perte de la Premier League et conserver cet inestimable pourvoyeur d’abonnés. Sauf que, malgré ces quelques années de répit, le rapprochement actuellement en cours entre Canal et beIN – nos amis du Golfe apparemment fatigués du gouffre financier que représente parfois le soft power médiatique, Al Jazira vient ainsi de jeter l’éponge aux States – les prochaines négociations risquent de se montrer beaucoup moins enthousiasmantes, voire à la baisse, dans quelques années. Avec le risque de déclasser encore un peu plus le foot tricolore (peu de chance que la billetterie des stades compense à l’avenir un éventuel manque à gagner), car la course à l’armement qui se poursuit de l’autre coté du Channel (2,130 milliards d’euros sans compter les droits vendus à l’étranger) continue de creuser l’écart…

Le worst case scénario de 2022

Cela peut paraître lointain, mais il existe une petite possibilité que le Mondial 2022, ce beau cadeau de reconnaissance offert au Qatar pour service – sonnant et trébuchant – rendu au foot, se révèle finalement empoisonné. Les campagnes d’alerte sur les milliers de morts parmi les travailleurs émigrés (népalais, indiens, etc.) œuvrant dans les chantiers de cette Coupe du monde à la mode Égypte ancienne, le poids économique (sans aucun espoir de rentabilité) qu’elle pèsera sur un pays ou l’on découvre les légères contraintes du serrage de ceinture, la fort probable contre-performance en matière de notoriété et d’image (température, question de l’alcool, etc.), sans oublier l’évolution de la poudrière locale, pourrait conduire à ce que l’événement soit délocalisé plus ou moins en catastrophe. Enfin, dernière hypothèse prospective, un Nicolas Sarkozy président en manque de popularité pourrait décider de retirer la participation des Bleus, entraînant – pour une fois – un boycott européen. Nul doute que la répercussion et la mesure de rétorsion entraînerait un rapatriement en urgence de tous les investissements réalisés dans le Vieux Continent. Laissant un grand vide derrière qu’une économie domestique, toujours souffreteuse, aurait bien du mal à venir combler.

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