Nadir Dendoune & l’Everest

En 2008 Nadir Dendoune se met en tête de gravir la plus haute montagne du monde alors qu’il n’a aucune expérience en alpinisme. Il était invité au micro d’Elodie Font dans « Chacun sa route », retrouvez ici le récit de son expérience sur le « toit du monde ».

Pour gravir l’Everest, il faut compter huit semaines en tout. Il y a beaucoup d’allers retours : on monte pour essayer de respirer un peu en altitude, puis on redescend… puis on remonte un peu plus haut, et ainsi de suite. « C’est le même procédé que pour la plongée sous-marine » explique Nadir Dendoune, « il faut que le corps s’habitue au manque d’air ».

Au micro d’Elodie Font, il raconte son ressenti de cette ascension… plutôt mitigé :

C’est dur. C’est naze, il faut être honnête.

Il n’y a que quand c’est fini que tu prends du kif. Pour moi, ça a été sept à huit semaines dures : tu restes dans une tente, tu ne manges pas, tu ne dors pas (passés les 3000 mètres d’altitude, il est difficile de s’endormir et l’essentiel de cette expédition se fait à plus de 5000 mètres), tu marches et c’est dur.

Comme j’étais le plus nul de la bande, j’arrivais trois heures après les autres, dans un état de très grande fatigue, j’étais vraiment claqué. Et il fallait que je remette ça deux à trois jours après.

À un moment, c’est vraiment un combat contre soi-même… Il ne faut pas lâcher l’affaire.
À quoi ressemble d’être en haut du plus haut sommet du monde ?
« Quand on est en haut de l’Everest, c’est un décor de cinoche, c’est tellement beau.

Toutes les plus hautes montagnes du monde ont l’air, du coup, petites.
On est donc entourée de sommets à 6000 mètres, 7000 mètres… Je me souviens qu’après avoir gravi le sommet de la plus haute montagne du monde, je me sentais invincible. J’avais atteint un vrai sentiment de bonheur. Bon, ça a duré trois mois. Après, tout redevient comme avant avec les soucis quotidiens.  »

Une expédition solitaire

En trafiquant son CV, Nadir Dendoune avait réussi à intégrer une équipe anglo-saxonne – qui n’a pas tardé à comprendre qu’il n’y connaissait rien (il est à peine capable d’enfiler un baudrier) :

Je n’étais pas du sérail, je ne faisais pas partie du groupe, on m’a exclu. J’étais le « french tocard». J’ai menti sur mon CV parce que si je n’avais pas triché, je ne serais pas là.
En plus, il n’a pas dit à ses proches qu’il partait à la conquête de l’Everest : « Je n’aime pas que les gens qui m’aiment aient peur pour moi. Et puis, pour être honnête, je me disais que si au bout de deux semaines j’en avais marre et que je devais rentrer, je ne perdrais pas la face ». Une seule personne est au courant de son aventure : sa copine. Elle suit l’expédition à travers le blog de ses camarades de cordée.

Ce qui était assez drôle, c’est que dans ce blog, ce type parlait de moi. Il disait que j’étais un tocard, que j’étais nul, que je n’allais pas y arriver. Et par contre, quand je suis arrivé en haut de l’Everest, il m’a rendu hommage.
« Maintenant, je sais que je ne ferai plus jamais de montagne de ma vie »
C’est du moins ce qu’écrit Nadir Dendoune à la fin de l’expédition. « C’est vrai qu’après avoir vécu deux mois de calvaire, je ne voulais plus du tout faire de montagne » témoigne-t-il. « Mais je suis reparti en 2013 faire le Mont Blanc. Après, j’ai fait le Kilimandjaro. Ensuite, je suis parti faire le mont Elbrouz et l’Aconcagua.

J’ai un CV à l’envers… Maintenant, je suis presque un alpiniste.

En 2017, son aventure a inspiré un film : L’Ascension

Source: France Inter