« Les Heures souterraines » de Delphine de Vigan»

Par Marie Chatelain Editeur : JC Lattès « Les heures souterraines » de Delphine de Vigan…….le témoignage de deux êtres englués dans la vie ! L’entreprise destructrice, la vie qui nous échappe et bascule, tels sont les lieux qu’a choisis Delphine de Vigan pour planter le décor de son roman. C’est l’histoire d’un effondrement, celui de Mathilde suite au harcèlement moral qu’elle endure ; c’est l’histoire d’un anéantissement, celui de Thibault confronté à sa pitoyable et solitaire existence que l’amour a délaissé. Deux vies, deux combats, deux êtres qui se croisent sans se voir au cœur de la ville tentaculaire. Delphine de Vigan se faufile et observe les couloirs, les bureaux, les toilettes de l’entreprise où travaille Mathilde. Cette multinationale y est décrite comme une machine à broyer les êtres. Ce n’est plus le lieu où peut s’épanouir la créativité de l’être humain, ce n’est plus un lieu où l’on débat, échange, partage, construit. C’est un lieu où on laisse la méchanceté et l’injustice déployer ses ailes en applaudissant les résultats qu’induit la pression destructrice de la compétitivité. Mathilde travaille dans cette entreprise depuis 7 ans, quand elle se voit confrontée au harcèlement moral. Elle décrit avec minutie la gangrène invisible qui sournoisement s’infiltre dans les chairs et l’âme, laissant sur son passage l’odeur putride du pire fléau du XXIème. Le harcèlement moral n’est pas que mise à l’écart, c’est un engrenage qui fait qu’un être décide d’en torturer un autre. Le prédateur se délecte, se pourlèche du désarroi qu’il insinue dans l’esprit de sa proie. Sans raison apparente, il décide l’anéantissement, l’annulation, la destruction, la disparition, l’effacement, l’extinction d’un malheureux souffre-douleur. La mise à mort devient l’ultime objectif. Thibault est un médecin généraliste amoureux d’une femme qui ne l’aime pas. Il a beau déployer ses plus grandioses stratégies pour amener la belle à lui donner son cœur, rien n’y fait. Il est désespérément seul dans son couple. Il subit un harcèlement consenti. Il observe son ennemie lui ronger les trippes, incapable d’objecter, paralysé par la lâcheté qui souvent entache le sentiment amoureux. S’il ne fuit pas, il assistera à sa propre mise à mort. Delphine de Vigan réalise ici une peinture au vitriol de notre société qui délaisse, qui ignore. La mortelle solitude revêt les somptueux habits d’une vie apparemment sans histoire. Tout va à peu près bien, rien ne va vraiment mal mais la perfide et mortelle solitude s’insinue dans la vie de Mathilde et de Thibault, deux protagonistes des temps modernes, de ceux que l’on croise chaque jour, sans voir, sans savoir. Les deux personnages se trouvent face à leur solitude et nous dévoile la nôtre, nous étale sans concession nos lâchetés, nos faiblesses, et la plus crasse de nos bassesses : la trahison de nos valeurs, le renoncement à la bravoure et à l’assistance aux plus fragiles pour préserver notre confort. Mais il affleure de ce roman, une terrible vérité : Nous pourrions devenir ces êtres seuls, ces laissés pour conte. « Tremblez braves gens  et ne vous reposer sur aucun laurier», la vie peut basculer, comme ça, dans un souffle ténue qui se transforme en ouragan et qui nous emporte dans sa spirale infernale. Si l’on n’y prend pas garde, alors viendra « notre jour d’effondrement ». . Delphine de Vigan Ecrivain française : Apparue discrètement sur la scène littéraire, Delphine de Vigan a su se faire une place de choix parmi les écrivains français. Directrice d’études dans un institut de sondages, la jeune femme écrit le soir, sans prétendre à la carrière de romancière qui sera la sienne, avant de pouvoir vivre de sa plume. Après la parution, en 2001, d’un premier récit d’inspiration autobiographique intitulé […] La bibliographie de Delphine de Vigan No et moi De Delphine de Vigan Lou, treize ans, intellectuellement précoce, est une élève brillante et isolée. Fille unique délaissée par une mère tombée en dépression après la mort d’un bébé et incomprise d’un père aimant mais prisonnier de son impuissance. En classe, […]

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