Conférence Mondiale des Télécommunications Internationales à Dubai

La complexité des liens qui unissent l’Internet au monde des réseaux gêne la compréhension des débats de la conférence internationale de l’UIT (CMTI) qui ont eu lieu à Dubaï. Une vue générale sur les domaines concernés montre qu’il faut à la fois accepter le principe de l’évolution permanente de l’Internet et trouver des solutions pour l’adaptation des réseaux au trafic de données de demain. La CMTI (Conférence Mondiale des Télécommunications Internationales), qui s’est tenue à Dubaï du 4 au 14 décembre 2012, a réuni plus de 1 800 participants appartenant aux 193 pays membres de l’UIT (Union Internationale des Télécommunications). Son rôle consistait, entre autres choses, à valider le règlement des télécommunications internationales (RTI), traité international qui n’avait pas évolué depuis son adoption en 1988. On peut imaginer les difficultés que représente la gestion d’une telle foule polyglotte qui est censée résoudre les questions relatives à des thèmes complexes, telles que la gestion de l’internet, de la sécurité, de l’interconnexion, de l’itinérance internationale, des droits de l’homme, etc. Pour mieux appréhender ce qu’il faut retenir de cette réunion de Dubaï, il faut commencer par évoquer la mutation de l’UIT.
La modification progressive de l’UIT
Statutairement, l’UIT, instance des Nations Unies, joue un triple rôle : la normalisation des équipements et des connexions dans les domaines terrestre, sous-marin et radioélectrique, la gestion des fréquences et l’aide au développement des pays les moins bien pourvus en infrastructure de communication. Son rôle réglementaire est limité à la définition des gammes de fréquences sur le plan mondial et à la définition de services communs à caractère humanitaire (secours aux vies humaines, alertes diverses, etc.). Ce qui a changé notamment au fil de ces dernières années, c’est la composition du Comité Directeur de l’UIT, puisque, conformément à ses statuts, ce sont les États membres qui ont le plus grand parc d’abonnés téléphoniques qui détiennent les postes clés de la gestion de l’UIT.
Ce ne sont donc plus les Administrations des PTT des pays occidentaux qui établissent les ordres du jour des réunions. Ce rôle est confié désormais aux représentants des États émergents de l’Asie, de l’Afrique, etc. ayant un grand nombre d’abonnés téléphoniques. Si les industriels, les fournisseurs d’accès et d’applications, etc. sont admis aux séances de travail de l’UIT au sein d’une des neuf catégories de membres, seuls les représentants officiels des États membres participent aux votes. Pour une bonne efficacité technique des communications internationales, les décisions doivent être prises à l’unanimité.
Or, deux types de divergence apparaissent aujourd’hui sur le plan technique et financier entre les acteurs du marché des télécommunications du fait de l’intrusion de l’internet dans les réseaux publics : d’une part, une forte réduction des ressources financières des investisseurs en réseau, et d’autre part, des difficultés techniques nouvelles propres au trafic de données qui nécessitent probablement une nouvelle orientation à donner à l’Internet.