Alpiniste, ce conquérant de l’inutile

Il fut un temps où les alpinistes français faisaient la une de la presse nationale et recevaient les honneurs de tout un pays. En 2018, que reste-t-il de gloire à ces « conquérants de l’inutile » ?

Ils étaient les héros d’un autre temps. Les conquêtes des grandes faces des Alpes, celles des plus hauts sommets du monde en Himalaya, les mythiques enchaînements de faces nord. Du début du XXe siècle jusque dans les années 80, les grands alpinistes étaient des héros français. Pour service rendu à la patrie, Maurice Herzog, membre de la première cordée à avoir gravi un sommet à plus de 8 000 m, l’Annapurna en 1950, intégrait le gouvernement français. Plus tard, d’autres faisaient la une de Paris Match. On parlait déjà beaucoup de grands drames en montagne. Mais on écrivait encore sur de grandes réalisations, imprimées sur du papier édité à grand tirage.

En 2018, si leurs performances sont toujours extraordinaires, leurs exploits demeurent anonymes. Réservés à des lecteurs experts d’une presse spécialisée qui lutte pour survivre. L’alpinisme de haute performance ne fait plus rêver, mais elle a toujours le droit de faire pleurer. De faire frissonner. Comme il y a quelques mois, lorsque tout le pays a eu les yeux rivés sur une Française perdue seule et en plein hiver dans l’interminable descente du Nanga Parbat (8 126 m).

Sa performance, celle d’avoir été la première femme là-haut dans ces conditions, n’aurait pas fait couler d’encre. Son calvaire fut surmédiatisé. Une terrible histoire qui a rendu célèbre deux autres alpinistes. Denis Urubko et Adam Bielecki sont parmi les meilleurs grimpeurs du monde en conditions hivernales. Ils étaient à l’assaut d’un géant, le K2, encore jamais gravi pendant les mois les plus froids de l’année. Leur vaine tentative, quasi héroïque lorsque l’on sait ce que représente une telle entreprise, n’a intéressé personne (ou presque) au-delà du sérail des montagnards. Ils ont finalement eu leur heure de gloire internationale et resteront dans la mémoire collective comme ceux qui ont sauvé Elisabeth Revol.

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