Ces plantes qui menacent la biodiversité et la santé

Jussie, berce du Caucase, renouée du Japon, myriophylle… ces plantes exotiques envahissent les milieux naturels comme certains cours d’eau. Introduites volontairement ou non, elles menacent les écosystèmes, la santé et impactent l’économie. Détails.En cette Année internationale de la Biodiversité, l’Institut Klorane, fondation d’entreprise pour la protection et la bonne utilisation du patrimoine végétal, a présenté le 10 mars son projet visant à sensibiliser le grand public à l’impact des plantes exotiques envahissantes sur la perte de la diversité écologique. Ce projet, labellisé par le Ministère en charge du Développement durable, vise  »à sensibiliser le plus grand nombre sur un réel phénomène de société », souligne Sandrine Le Gall de l’Institut Klorane, et  »prévenir ce fléau qui se développe peu à peu ».

Rappelons que selon la Liste Rouge de l’Union mondiale pour la nature (UICN), les espèces exotiques envahissantes sont la troisième cause de perte de la biodiversité dans le monde. Ces espèces, végétales ou animales, sont considérées comme  »invasives » quand elles sont implantées, accidentellement ou volontairement, dans une région dont elles ne sont pas originaires et où elles se développent très rapidement. Les espèces introduites après 1500 sont considérées comme envahissantes en Europe, depuis la découverte de l’Amérique à partir de laquelle les échanges d’espèces entre continents se sont intensifiés. Mais du Nord au Sud, tous les pays sont concernés par le phénomène des invasions biologiques. Vertébrés, insectes, champignons, bactéries, algues ou plantes, ces espèces sont impliquées dans la moitié de toutes les extinctions des 400 dernières années, selon l’UICN.

 »Introduites hors de leur aire de répartition naturelle par l’Homme, les plantes invasives peuvent se reproduire. Celles-ci s’installent majoritairement dans des milieux déjà perturbés tels que les bords de route, les terrains nus, les chantiers mais aussi les cours d’eau… », a expliqué Enora Leblay, chargée de mission espèces exotiques envahissantes à la fédération des Conservatoires botaniques nationaux, partenaire de l’Institut. La croissance rapide de ces plantes, leur capacité d’adaptation et de multiplication végétative supérieure à celle des plantes indigènes, mais aussi l’absence de prédateurs ou de parasites naturels ont permis leur émergence.

Activités industrielles, échanges commerciaux et transports de marchandises (fixation de graine sur les colis, navires, véhicules, voyageurs…) figurent parmi les causes d’introductions accidentelles de ces plantes invasives dans un nouveau territoire, a rappelé Enora Leblay. Mais celles-ci peuvent être introduites de manière volontaire à des fins alimentaires comme le topinambour, cultivé comme légume pour ses tubercules riches en éléments minéraux et en inuline (type glucide). La prolifération du topinambour reste toutefois maîtrisée de manière à éviter sa propagation. Les plantes exotiques envahissantes peuvent également être utilisées à des fins ornementales dans les jardins comme la buddléia du Père David ou l’herbe de la Pampa, pour la constitution de collection botanique (renouée du Japon) ou dans les aquariums (myriophylle du Brésil). Toutes ces plantes invasives sont vendues dans le commerce… Les causes d’introduction peuvent être également naturelles : les graines des plantes peuvent être dispersées par le vent, l’eau ou les animaux.

Une pression croissante sur la biodiversité, la santé et l’économie

Mais la croissance des importations de plantes exotiques et l’intensification des déplacements ont favorisé la propagation de ces espèces qui ont un impact sur la modification des écosystèmes et le déséquilibre des milieux.

Parmi ces plantes  »colonisatrices » : les jussies, jolies plantes aquatiques à fleurs jaunes, d’origine d’Amérique, présentes dans le Sud de la France (Languedoc Roussillon) et à l’Ouest. Introduites depuis plus d’un siècle et demi dans l’Hexagone, ces plantes peuvent se reproduire très rapidement par bouture. Une fois installées, les jussies envahissent bordures de cours d’eau, étangs ou marais… Elles y forment des herbiers très denses : ses tiges s’implantent quelquefois jusqu’à 3 m de profondeur et s’élèvent jusqu’à 60 ou 80 cm au-dessus de l’eau. Avec leurs fleurs de 2 à 5 cm de diamètre, les jussies, en recouvrant les cours d’eau, réduisent les concentrations d’oxygène jusqu’à mettre en danger la vie des poissons et le développement des autres plantes aquatiques locales. A tel point que la commercialisation de deux espèces de jussie (la jussie à grandes fleurs et la jussie à petites fleurs) est interdite depuis 2007 (arrêté du 2 mai) mais leur extension géographique continue.

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