C’est parti pour Koh Lanta 2017 !

Le jeu d’aventure Koh Lanta reprend ce soir sur TF1.

Comment l’émission de téléréalité de la chaîne, adaptée en 2001 d’un programme suédois pour riposter au Loft de M6, a-t-elle survécu ?

Entretien avec Virginie Spies, analyste des médias et maître de conférences à l’Université d’Avignon. C’est déjà de la vieille téléréalité, Koh Lanta. Pourquoi ça marche encore ?

D’abord parce que c’est une émission familiale. Ensuite, les candidats sont plutôt bien castés. On va trouver la mère de famille, l’aventurier, le fou, le méchant prêt à tout… Une sociologie de la série en fait. Ces personnages différents vont générer une forme d’attachement. C’est aussi une émission belle à regarder. Elle donne à voir du bleu, de la peau, du soleil, de beaux paysages… Enfin, c’est un jeu et qui dit jeu dit compétition.

Un Alsacien dans la nouvelle saison de Koh-Lanta. Franck, qui réside dans la région de Sélestat, figure au casting de la nouvelle saison de Koh-Lanta. Le premier épisode sera diffusé ce soir sur TF1.

Avec ses coups bas pour gagner les 100 000 €. Drôle d’exemple pour un public familial…

C’est vrai, Koh Lanta est profondément individualiste, même s’il faut à un moment donné s’allier pour gagner. Mais montrer l’exemple, ce n’est pas la mission de TF1. Ce type de programme va plutôt chercher les pulsions sadiques et le voyeurisme du téléspectateur. On dit toujours qu’on veut plus de culture à la télé, mais si on accordait nos désirs à nos actes, on serait tous sur Arte le vendredi soir.

L’émission a bien redressé son image depuis la mort d’un candidat, puis du médecin de l’équipe, en 2013 ?Cette saison-là n’a pas été diffusée, puis c’est reparti. Parce que la société de production a bien géré la communication de crise et réussi à se positionner sur le créneau jeu d’aventure.

Est-il plus scénarisé qu’au début ?

Il est surtout devenu plus pro. L’aspect scénaristique repose sur les « qualités » des candidats. Au sens où ils vont être capables de faire du buzz, des couvertures de magazines, de devenir des people. Ce sont de potentiels « produits » de TF1, qu’on pourra retrouver dans des fictions, d’autres jeux…

De nouvelles règles* apparaissent cette saison. Nouveau départ ou début de la fin ?

Pour moi, ce ne sont pas du tout de grosses innovations. Juste des détails un peu marrants pour maintenir l’attention. Les gens attendent d’un programme d’y retrouver des qualités qu’ils connaissent. C’est le paradoxe du public. Il réclame de la nouveauté, mais dès que ça change il n’est pas content.

La téléréalité a encore de beaux jours devant elle ?

Oui, parce qu’on n’a jamais vu à la télé de formats qui disparaissent totalement. Ils se transforment. La téléréalité a essaimé partout. Dans l’aventure, la cuisine, l’amour… Jusque dans le journal télévisé. Avec des témoignages, « la vie des vrais gens »…

Ou un programme comme Les Verbatims du 13.15 du dimanche sur France 2, où des comédiens imitent les politiques…

C’est très étonnant comme formule. On est sur une frontière un peu délicate ! Je condamne moins les purs genres. Koh Lanta, c’est de la téléréalité d’évasion, du divertissement, voilà c’est tout. On n’est pas dupe.

Source: Ouest France